Maurice Godelier "Au fondement des sociétés humaines"

22  décembre 2007

Au fondement des sociétés humaines, il y a du sacré.

Pour faire une société, ni la parenté ni les liens de production et d’échange de biens ne sont suffisants. Il faut surtout que des croyances religieuses et des rituels qui les mettent en actes viennent légitimer sa souveraineté et assurer sa reproduction.

Au fondement des sociétés humaines, il y a du sacré. Autant le savoir, et apprendre le secret de fabrique de ce qu’en Occident on appelle le " politico-religieux ", en ces temps où le lien social se distend, où la logique communautariste et identitaire semble l’emporter sur ce qui rassemble.

Ce livre est le fruit de quarante années de recherche, par l’anthropologue français le plus discuté à l’étranger après Claude Lévi-Strauss, et dont le parcours a été marqué par quatre étapes majeures sur le chemin de cette conclusion fondamentale, chacune d’elles faisant ici l’objet d’un chapitre :
-  il est des choses que l’on donne, des choses que l’on vend, et d’autres qu’il ne faut ni vendre ni donner mais garder pour les transmettre ;
-  nulle société n’a jamais été fondée sur la famille ou la parenté ;
-  il faut toujours plus qu’un homme et une femme pour faire un enfant ;
-  la sexualité humaine est fondamentalement a-sociale.

Un livre de référence, qui vaut aussi introduction générale à l’œuvre de Maurice Godelier.

    "Ce que j’ai compris, au cours des années passées à étudier les Baruya, c’est que l’enjeu pour que se forme une société était que les groupes humains s’unissent afin d’établir une forme de souveraineté : souveraineté sur un territoire, ses ressources, ses habitants. les iens et les groupes de parenté ne constituent jamais le fondement de la cité ou de l’Etat".

    "Notre espèce est naturellement sociale, mais nous avons la capacité de transformer nos rapports sociaux. Ce que ne font ni les chimpanzés ni les bonobos. depuis qu’on les étudie, on ne les a jamais vus changer leurs structures sociales. Alors que nous produisons en permanence de la société. Nous transformons nos rapports sociaux, nos formes d’organisation, les hiérarchies".

    "Le sacré et la dimension politique-religieuse de l’imaginaire ont une place décisive. Les représentations et croyances imaginaires constituent des vérits existentielles qui s’incarnent dans des pratiques symboliques. Interprétée en langage occidental, cette institution que l’on appelle initiation dans les sociétés dites primitives est un processus par lequel tous les individus se retrouvent dépendants les uns des autres, pris dans des liens pour nous largement imaginaires : il concerne tous les villages, tous les lignages, tous les individus. ce qui les unit à ce moment sont des rapports que nous qualifions de politico-religieux".

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