L’urgence de la métamorphose

10  février 2007

Jacques Robin et Laurence Baranski

Un ouvrage :
-  inter et transdisciplinaire, qui dresse, dans un langage accessible, un panorama de la situation mondiale actuelle,
-  qui nous prépare à faire face aux défis qui menacent aujourd’hui la planète Terre et les sociétés humaines, défis non seulement écologiques, économiques, technologiques, informationnels, mais aussi politiques, culturels et spirituels,
-  qui s’adresse à toutes celles et ceux que les dérives du monde actuel inquiètent, et qui se demandent dans quelle mesure et de quelle façon nous pouvons agir pour redonner, dans la gestion des sociétés humaines, du sens au mot responsabilité. A toutes celles et ceux qui sont convaincus qu’il est possible de faire émerger un nouvel et véritable art de vivre ensemble sur cette planète.

Edition Des Idées et Des Hommes , Collection Convictions Croisées , 2007, 223 pages, 19€

Les auteurs :
-  Médecin, puis directeur général d’un groupe industriel, Jacques Robin a animé à partir de 1966 Le Groupe des Dix. En 1981, il a mis en place le CESTA (Centre d’Étude des Systèmes et des Technologies Avancées) puis a créé la revue Transversales Science Culture. Il est l’auteur de Changer d’ère, au Seuil en 1989.
-  Consultante auprès de responsables d’entreprises et d’institutions, Laurence Baranski a initié en 2001 le projet Interactions Transformation Personnelle - Transformation Sociale, au sein du réseau Transversales Science Culture. Elle a publié Le manager éclairé. Comment piloter le changement, aux Éditions d’Organisation en 2001.

Trois questions à Jacques Robin et Laurence Baranski

Q : La planète court-elle à sa perte ?
R : C’est l’humanité tout entière qui court à sa perte en détruisant la planète qui la fait vivre.
La propagation accélérée du modèle occidental désormais basé sur la consommation, la croissance quantitative et le profit monétaire à court terme bouleversent tous les équilibres naturels et épuisent les ressources. Le culte du « toujours plus » et la croyance en l’existence d’un dieu « croissance » qui devrait régler tous les problèmes, grâce à un marché mondialisé de consommateurs gloutons, ne font qu’aggraver au niveau mondial les inégalités entre les « trop gros » et les « trop maigres »... Et attiser les comportements prédateurs des uns et les rancœurs des autres. Le comportement des puissants de ce monde décourage les travailleurs et les citoyens, toutes générations confondues. Les liens entre les intérêts personnels et collectifs qui donnent un sens à toute vie humaine, se délitent progressivement. Ce qui est en question ce sont les équilibres écologiques certes mais pas seulement, les équilibres économiques, politiques, culturels et spirituels de l’humanité sont tout autant concernés.

Q : Comment freiner cette course ?
R : C’est avant tout une prise de conscience généralisée de l’imbrication entre le destin de l’homme et de la planète, de leurs interactions, du fait qu’ils font partie intégrante de l’univers, qui peut ouvrir la voie à des transformations radicales. Ensuite, si nous souhaitons donner à l’humanité une chance d’avenir, nous devons assumer nos responsabilités écologiques et humaines. Il ne s’agit pas de se donner bonne conscience par des demi mesures ou des rustines : en revendant par exemple des droits à polluer, ou en signant des chartes ou des codes de bonne conduite. Les solutions sont globales comme en témoigne le Grand Sommet sur le climat de la Conférence de Paris, en janvier 2007. Des amorces existent déjà, on en trouve des exemples sur les cinq continents. Et les actions alternatives, altruistes et solidaires, ne cessent de se développer. Mais elles sont généralement ignorées.

Nous proposons notamment de :
-  renoncer à l’économie de marché pour nous engager vers une économie plurielle au service de l’humain et non l’inverse. A partir d’une autre conception de la richesse qui n’est aujourd’hui mesurée que par des indicateurs quantitatifs et financiers tels que le PIB. Elle offrira la possibilité d’émettre des monnaies locales ou des monnaies attachées à des activités spécifiques.
-  creuser, relier, promouvoir les pistes de renouveau qui se dessinent dans tous les domaines (revenu citoyen minimum, revenus maximums, décroissance sélective...)
-  créer les conditions d’une culture du respect, de l’altérité, du brassage et du métissage en lieu et place de celle du mépris qui s’est généralisée : respect des humains les uns à l’égard des autres, à l’égard des autres cultures, des autres approches, de la nature, pour fonder une solidarité vivante entre les vivants. Essayer d’être les meilleurs « avec » les autres, pas « contre ».
-  utiliser tous les moyens dont nous disposons grâce à notre entrée dans l’ère de l’information. Nous avons là une opportunité formidable et unique de déployer de nouvelles formes d’économie et de gouvernance.

Q : Si vous deviez donner la clé ou le verrou de ces transformations ?
R : Le passage du pouvoir/puissance au pouvoir partagé. Le noyau dur des débordements et dérives que nous évoquons constitue en même temps l’obstacle principal à la « métamorphose » indispensable et possible : c’est la puissance des pouvoirs économiques, politiques, religieux qui dirigent la planète au mépris des humains qui l’habitent. La première réforme à opérer est celle de la conception du pouvoir et de son exercice : il s’agit de passer de la compétition à la coopération. Il y a urgence.

Propos recueillis par Annie Batlle

Extrait :
« ...Transformer l’organisation des sociétés et des rapports humains au service d’un projet politique radicalement différent, planétaire, ne se fera pas simplement et facilement. Il s’agit tout d’abord de définir une phase de transition, bien sûr réaliste, mais ne permettant aucun retour en arrière. Nous pouvons dès à présent nous appuyer sur les multiples réflexions et expériences alternatives (comme le micro-crédit, le commerce équitable...) tentées partout sur la planète. Il s’agit de les dégager du piège de l’actuel fondamentalisme marchand qui les bloque, puis de leur donner les moyens de prendre leur « envol ».

Cette étape de transition est majeure. Sa réussite marquera notre entrée responsable dans cette nouvelle ère de l’information, au seuil de laquelle nous avons déjà trop longtemps piétiné. Elle ne se traduira bien évidemment pas par un grand-soir résultant d’un rapport de forces entre les différents courants en présence. Elle émergera de la confrontation lucide, entre tous les acteurs, mobilisés par l’urgence et leur désir profond d’être en accord avec les valeurs démocratiques au niveau planétaire. »

A voir à lire