La voie humaine

15  juin 2004 | par Rédaction Transversales

Pour une nouvelle social-démocratie. Jacques Attali - Fayard - avril 2004.

Analyse critique "Le marché devient chaque jour plus fort que la démocratie et il en menace même les institutions". Celui qui lance ce cri d’alarme n’est pas un altermondialiste notoire. Jacques Attali passe pour appartenir à la fraction gestionnaire de la gauche. Son dernier livre n’en est que plus intéressant. D’où vient donc cette menace sur la démocratie ? L’explication donnée par Attali est simple : "L’initiative privée avance au rythme choisi par chaque individu, alors qu’il faut une action collective complexe pour changer les cadres et les usages de la démocratie". Autrement dit, sans effort pour remettre le bien commun au premier plan, le marché continuera à progresser plus vite que la démocratie. D’accord sur le constat, mais que faire ? Toutes les tentatives passées pour encadrer le marché ou le soumettre ont sombré dans l’impuissance ou le totalitarisme (quand ce n’était pas les deux à la fois !). Le mérite de l’ancien conseiller de François Mitterrand est de chercher à défendre les vertus du marché (et même d’en améliorer l’efficacité) tout en tentant de réduire son emprise. Et ce, de trois manières : en étendant le champ de la gratuité ; en opposant le savoir au spectacle ; en renforçant la démocratie par la mise en œuvre de la responsabilité de tous. Sans doute, l’ancien conseiller de François Mitterrand recycle-t-il ici des idées déjà véhiculées dans d’autres sphères (1). Sans doute son dernier chapitre, "Les dix chantiers d’une nouvelle social-démocratie", est-il trop fait de bric et de broc pour espérer susciter l’adhésion de ses anciens camarades de Parti, pourtant en quête de projet. Mais Attali a cette judicieuse intuition de rappeler la prééminence du temps sur l’argent.

(1) Et notamment dans notre livre collectif Sortir de l’économisme, Editions de l’Atelier, 2003.

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