La société civile face au pouvoir

30  septembre 2003 | par Rédaction Transversales

Roger Sue, Ed. Presses de Sciences Po , septembre 2003.

Ce livre trouve dans la société actuelle des raisons d’espérer et propose des solutions concrètes aux problèmes qu’il débusque. Roger Sue, sociologue, professeur à Paris V Sorbonne, analyse depuis des années l’évolution des liens sociaux qui se défont et se retricotent à la faveur des mutations contemporaines (dont le déploiement des marchés sans frontières et la recrudescence des inégalités). "Divine surprise" pourtant, nous dit-il à la suite de Bourdieu, "le politique s’affirme contre la politique". Cette dernière est minée par l’atrophie progressive de ses fonctions classiques : pouvoir, discours, représentation et légitimité, alors que progresse l’exigence démocratique. Les mouvements sociaux et citoyens se développent dans le monde entier et l’opinion perçoit désormais que c’est là que se joue l’avenir de la démocratie. Pour l’auteur nous vivons un renversement majeur de la vie politique, et une nouvelle dynamique sociale est en marche. Il en donne deux illustrations. Tout d’abord les défaillances du système représentatif (comment d’ailleurs l’individu d’aujourd’hui qui revendique son ego et préfère l’affiliation à l’appartenance, pourrait il être "représentable" ?). Le développement du phénomène associatif ensuite qui reflète la volonté de chacun de construire ses liens sociaux par affinités au lieu de les subir. C’est dans cette logique que se situe Roger Sue pour préconiser la généralisation de "la relation d’association", à ne pas réduire aux Associations 1901, et dont on trouve déjà de nombreux exemples : en famille, où les relations ressemblent de plus en plus à celles de "libres associés", dans les réseaux multiples qui se créent avec Internet, dans d’autres réseaux informels, dans certaines entreprises innovantes aussi. Pas d’angélisme cependant : "Le lien d’association est vivant, tumultueux, conflictuel" mais il est libre et il prépare le rôle de la société civile comme acteur politique majeur. "C’est par le bas comme toujours qu’on reconstruira un système politique crédible."

A voir à lire