Revue des sciences (12/08)

1er  décembre 2008 | par Jean Zin

L'année 2009 s'annonce vraiment catastrophique (les sciences ne seront pas épargnées!). Le LHC lui-même, orgueil de la science, pourrait en pâtir car il est encore en panne et on ne sait quand il pourra redémarrer, à Pâques ou à la Trinité si ce n'est en 2010 ! En attendant, rien de bien extraordinaire, du moins en apparence car l'ornithorynque est toujours aussi étonnant, fait de bric et de broc, et parmi les nouvelles qui pourraient s'avérer essentielles on peut citer la découverte de nos "super-neurones" et surtout de la clé du vieillissement, de même qu'en physique le calcul de la masse du proton et, peut-être, les premières détections de matière noire pourraient inaugurer une nouvelle physique, si c'est vraiment confirmé. La production à grande échelle d'anti-matière promet de changer beaucoup de choses aussi, et pas seulement les voyages intersidéraux, en permettant de concentrer l'énergie de façon inouïe. Sinon, on peut se réjouir des nouvelles pistes contre l'Alzheimer, même si on en avait déjà parlé. Par contre, il paraît absolument incroyable que des minis centrales nucléaires soient désormais en vente libre !

Pour la Science - Sciences et Avenir

  • Les sauropodes, des géants agiles
  • En attendant la tempête du millénaire
  • Le cerveau migraineux
  • Calcul quantique avec des ions
  • Les huit pistes qui mènent aux objets du futur
  • Alzheimer, enfin de l’espoir
  • Les bouffées de chaleur reflètent la santé vasculaire
  • Essai pour la sclérose en plaques
  • L’extraordinaire génome de l’ornithorynque
  • Le lampadaire intelligent

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Brèves du mois: physique - climat - biologie - santé - technologies



Pour la Science no 374, Des géants agiles


Pour la Science

- Les sauropodes, des géants agiles, p34

Ce très long article s'interroge sur la taille délirante de certains sauropodes, les titanosaures comme le bien connu Argentinosaurus qui pouvait atteindre au Crétacé 30 mètres de long et peser 90 tonnes. Ce gigantisme, qui va bien au-delà de la protection des prédateurs, devait être motivé selon les auteurs par leur digestion très primitive et pour favoriser leur "homéothermie de masse". Très semblables aux oiseaux, ils avalaient des pierres (gastrolithes) pour faciliter le broyage des végétaux, comme dans le gésier, et possédaient un squelette allégé, plein de vides sinon ils auraient été trop lourds pour de telles dimensions (en effet, le poids, donc le volume, augmente comme le cube de la taille), d'autant qu'ils n'étaient pas aquatiques comme on le croyait mais pouvaient gambader sur le littoral ! Il a donc fallu que les dinosaures deviennent énormes puis qu'ils rapetissent pour pouvoir voler ! A noter qu'il semble y avoir une contradiction entre "l'homéothermie de masse" supposée expliquer leur gigantisme et le fait qu'on leur suppose un sang chaud, tout comme les oiseaux. Par contre, pour la digestion l'argument du gain d'échelle reste valable ("une grande cuve rend les bactéries plus efficaces et la chaleur produite y est mieux conservée, grâce à l'homéothermie de masse"). En tout cas, ils devaient produire bien plus de gaz que nos vaches ! Retenons, enfin, que leur queue immense aussi, ne traînait pas par terre mais était bien dressée ou toute droite à l'horizontal pour équilibrer la tête !

- En attendant la tempête du millénaire, p44

Le soleil nous envoie régulièrement des bouffées de plasma qui produisent des aurores boréales mais, en 1859, on était juste dans la ligne de mire d'une grosse émission de plasma solaire ce qui avait provoqué des perturbations magnétiques considérables, détériorant de nombreuses installations électriques ainsi que les communications radios. A notre époque les dégâts seraient bien plus importants et demandent à être pris en compte pour protéger les ordinateurs et les centrales électriques. Ceci dit, c'est un événement rare et il ne semble pas que cela puisse affecter nos disques durs actuels, il suffirait de rallumer l'ordinateur parait-il, si l'électricité n'a pas sauté... (notons qu'il y a aussi des aurores boréales sur Mars).

- Le cerveau migraineux, p68

On a cru longtemps que la migraine était un phénomène vasculaire. Il semble bien établi maintenant que c'est plutôt un "orage cérébral" qui se propage dans le cerveau en hyperexcitant des neurones (provoquant souvent une "aura") qui ensuite sont inhibés, cette inhibition étant à l'origine de la douleur qui suit. Il y a encore 2 théories différentes expliquant cet orage électrique mais de nouveaux médicaments en développement devraient avoir une bien meilleure efficacité en ciblant les véritables processus en jeu contrairement aux traitement actuellement disponibles.

- Calcul quantique avec des ions, p86

On a déjà réussi des "calculs quantiques" avec quelques qubits (ci-dessus une chaîne de 8 ions calcium refroidis et presqu'immobilisés par laser) mais on sait que la difficulté c'est d'augmenter ce nombre de qubits car la décohérence est de plus en plus rapide avec le nombre. La solution serait de travailler sur toute une série de boîtes quantiques ne possédant que quelques qubits chacune.




Sciences et Avenir no 742, Les nouvelles applications de la physique quantique


- Les huit pistes qui mènent aux objets du futur

J'ai retenu surtout ce projet qui me semble de grandes conséquences si ça marche :

Après avoir réussi à «ralentir» la décohérence au point d'en voir les effets, ces physiciens, et d'autres, veulent la contrarier, c'est-à-dire faire en sorte de l'empêcher ! Pour bénéficier des merveilles de la physique quantique, il faut en effet les préserver le plus longtemps possible. La maîtrise de l'équipe d'Haroche permet d'envisager des actions rétroactives sur le piège pour corriger les effets de la décohérence et prolonger la vie des états superposés.

- Alzheimer, enfin de l'espoir

L'article en ligne est assez complet sur la maladie qui résulte de la combinaison de 2 protéines dégénérées qui deviennent pathologiques. Les nouveaux traitements semblent apporter une amélioration notable. On avait déjà parlé du 2ème médicament, qui est le plus prometteur, mais le 1er est étonnant : du bleu de méthylène !

Pour la première fois, deux médicaments ont permis, lors d'essais cliniques, de ralentir spectaculairement la progression des symptômes de la maladie.

Le Rember et le Dimebon, deux médicaments anciens, aux modes d'action différents, ont ralenti la progression des symptômes de manière spectaculaire.

Le groupe «traité», avec 60 milligrammes de Rember trois fois par jour, a vu les symptômes de la maladie se stabiliser alors qu'ils s'aggravaient dans le groupe témoin, le taux de déclin cognitif ayant été réduit de 81% !

Le plus étonnant est que le composé actif du Rember n'est autre que le chlorure de methylthioninium, plus connu sous le nom de bleu de méthylène, prescrit, entre autres, contre les infections urinaires ! On recommande, cependant, de ne pas prendre de bleu de méthylène en automédication car la forme utilisée dans l'essai est beaucoup plus pure que celle disponible sur le marché.

Le Dimebon non plus n'est pas une nouvelle molécule. Le dimebolin hydrochlaride est un antihistaminique russe, autorisé depuis 1983, qui possède de multiples propriétés chimiques.

Les patients «placebo» avaient perdu 3,2 points sur l'échelle à la fin de l'essai, contre 0,68 seulement chez les «Dimebon» ! Le médicament semble bien toléré. Il peut susciter cependant une humeur dépressive, mais à un taux insuffisant (15%) pour renoncer à l'essai de phase III.

Selon Claude Wischick, le Rember est le premier médicament qui cible les agrégats formés dans les neurones par les protéines tau altérées, ralentissant, sans doute, leur action destructrice. Selon Rachelle Doody, le Dimebon, lui, réparerait les fonctions des mitochondries des neurones abîmés, stimulant la communication entre les neurones et contrecarrant la mort cellulaire.

- Les bouffées de chaleur reflètent la santé vasculaire

Les bouffées de chaleur sont de bons indicateurs de l'état des parois vasculaires à la ménopause. Une étude le prouve chez près de 500 femmes indemnes de toute affection cardio-vasculaire connue. En cas de bouffées de chaleur survenant entre 45 et 58 ans, la capacité de dilatation des artères coronariennes est significativement réduite et le risque de calcification des parois augmenté au niveau de l'aorte.

- Essai pour la sclérose en plaques

Un médicament développé il y a trente ans pour traiter des leucémies, l'alemtuzumab, représente aujourd'hui un espoir face à la sclérose en plaques, une affection neurologique qui concerne 2,5 millions de personnes dans le monde. Selon une étude de l'université anglaise de Cambridge publiée dans le New England Journal of medicine, l'alemtuzumab permettrait de réduire le nombre de poussées et aussi de récupérer certaines fonctions perdues. «Peut-être par la reconstitution du tissu cérébral», note l'étude. Un fait sans précédent alors que la maladie est caractérisée par la destruction inéluctable de la gaine de myéline qui entoure les nerfs. Les essais, doivent se poursuivre jusqu'en 2010.

Cependant, La Recherche précise les dangers de ce puissant immunosuppresseur : complications thyroïdiennes et rénales, hémorragies, etc., ce qui le réserve aux cas lourds...

- Bizarre comme un ornithorynque

Il n'y a pas que sa physionomie qui relève de la chimère. Le génome de ce mammifère ovipare, qui vient d'être décrypté, a réservé bien des surprises...

Dans l'incroyablement vaste bestiaire offert par la nature, l'ornithorynque détient sans conteste la palme de l'incongru. Rarement le brouet évolutif aura paru si facétieux, mélangeant des bouts de reptiles, de mammifères et d'oiseaux pour aboutir à un animal mosaïque. Mais le plus étonnant, c'est que si l'on y regarde de plus près, au coeur des gènes, c'est exactement la même chose ! Un assemblage de bric et de broc unique en son genre qui emprunte à plusieurs ordres du vivant, parfait point de charnière de la divergence des vertébrés. Quatre ans de travail auront été nécessaires à une équipe internationale de plus de cent chercheurs pour venir à bout du puzzle. Aujourd'hui décrypté, le génome de l'ornithorynque se révèle l'un des plus beaux cadeaux de l'évolution, en ce sens qu'il constitue une vraie mine d'or pour les scientifiques du monde entier.

C'est probablement dans la physionomie de ses chromosomes sexuels que l'ornithorynque fait le plus fort. Alors que dans les cellules de tous les autres mammifères, il n'existe qu'un chromosome X et un Y, l'ornithorynque, lui, compte 5 chromosomes X et 5 Y ! C'est bien la caractéristique qui épate le plus Jennifer Graves. «Cela semble une manière folle de déterminer le sexe. Ce que nous imaginons, c'est que ce système a évolué après un échange accidentel de gènes entre les chromosomes normaux et les sexuels.» Un mystère taraude tout particulièrement les chercheurs : comment se passe la détermination sexuelle chez cet animal ? Habituellement, elle se fait grâce au gène SRY situé sur le chromosome Y. Mais l'ornithorynque est le seul mammifère qui ne dispose pas d'un SRY. Lorsque l'on se penche sur les spermatozoïdes de l'animal, les bizarreries apparaissent légion. «Ils se comportent comme ceux des oiseaux, explique Jean-Louis Dacheux, du laboratoire Physiologie de la reproduction et des comportements (Inra/CNRS) : leur forme en tire-bouchon leur permet de progresser en tournant. Ils possèdent également la particularité de s'agglutiner en des paquets d'une centaine d'exemplaires qui vont remonter le tractus génital.» Cette formation en paquets n'avait jamais été repérée auparavant chez les mammifères, les reptiles ou les oiseaux. Pour Russell Jones, du département de Biologie de l'université de Newcastle (Callaghan, Australie), il faut sûrement y voir une «forme primitive de la maturation spermatique. Sous forme d'agrégat, la motilité du sperme augmente d'un facteur trois et elle permet d'accroître les capacités d'un individu à se reproduire». Dernière bizarrerie : la femelle a deux ovaires, mais un seul est actif, comme chez la poule. Sans que l'on sache pourquoi.

- Le lampadaire intelligent

Adapter l'éclairage aux besoins et tirer parti des énergies renouvelables. Tel est la double prouesse du Light Blossom, un nouveau lampadaire développé par Philips. Muni de LED, il diffuse sa lumière quand il détecte des gens marchant à proximité et réduit la luminosité quand ceux-ci s'éloignent ! Ses «pétales» couverts de cellules photovoltaïques tournent quand le vent souffle, convertissant vent et lumière solaire en électricité.




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