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Nouvelles du climat (10/08)

Le 1er  octobre 2008 par Jean Zin


-  La bombe méthane est amorcée ?
-  Le trou d’ozone ne se résorbe toujours pas !
-  Arctique : le minimum de 2007 n’est pas battu
-  Des cyclones de plus en plus dévastateurs
-  Les sécheresses africaines peut-être influencées par l’hémisphère nord
-  1500 bateaux à nuages
-  Les traînées de condensation des avions augmentent l’effet de serre
-  Les émissions de CO2 continuent d’augmenter !


Brèves du mois : physique - climat - biologie - santé - technologies

Revue des sciences 10/08




- La bombe méthane est amorcée ?

Les sceptiques vont encore dire qu'on affole les populations en sombrant dans le catastrophisme mais là n'est pas la question. Il ne s'agit pas de prétendre que c'est la fin du monde, seulement, pour l'instant, de donner les nouvelles du mois et de s'inquiéter de ce qui pourrait être effectivement catastrophique, en espérant que ce soit démenti par d'autres études mais ce sont plutôt les études rassurantes précédentes qui sont démenties par ces dégagement de méthane imprévus. Il n'y a rien de bon pour personne là-dedans car si l'emballement se produit, il n'y a pas grand chose qu'on puisse faire, réduire nos émissions devenant presque inutile ! On n'en est pas là mais ce n'est sûrement pas une piste à négliger sous prétexte que cela trouble quelques petits malins qui savent tout à l'avance et qu'il ne peut rien nous arriver. En tout cas, jusqu'à maintenant, on nous expliquait que le gaz ne remontait pas à la surface car il était dissous avant...

Pour la première fois, une équipe de scientifiques a pu noter et mesurer la libération de millions de tonnes d'hydrures de méthane, enfouies dans le permafrost sous-marin de l'Arctique, un phénomène que les théoriciens du climat appréhendaient parce qu'il pourrait rendre incontrôlable le réchauffement du climat par des apports de gaz à effet de serre inimaginables jusqu'ici.

"Pour la première fois, nous avons identifié un champ de relargage où les émissions étaient si intenses que le méthane n'avait pas le temps de se dissoudre dans l'eau de mer et qu'il atteignait plutôt la surface en grosses bulles".

Le professeur Émilien Pelletier, chimiste et écotoxicologue marin, voit dans ce phénomène «l'extension en milieu marin de ce qui se passe dans le permafrost terrestre». Si les constats des scientifiques suédois annoncent le début d'un dégel du permafrost sous-marin, dit-il, l'humanité doit s'attendre à une libération massive de gaz à effet de serre susceptible de lancer le climat dans un changement potentiellement irréversible.

Il suffit, ajoute Émilien Pelletier, d'un changement de quelques dixièmes de degrés centigrades pour amorcer le relarguage d'un gaz solidifié comme le méthane. Cette hausse pourrait s'expliquer par les apports croissant d'eau douce en provenance des rivières russes, une hypothèse avancée par les chercheurs suédois. Et toute cette eau, dit-il, résulte de la fonte accélérée du permafrost. Quant au méthane ainsi libéré, il va lui-même accélérer le réchauffement du climat, qui va faire fondre plus rapidement le reste du permafrost, ce qui pourrait enclencher une «réaction en boucle fatale» pour le climat, à laquelle s'ajoute l'impact sur la température de l'océan d'une calotte polaire de plus en plus petite.

Au fond, dit-il, ce qui se passe, c'est une extension - jusqu'ici théorique - du dégel du permafrost terrestre jusqu'aux milieux marin, ce que les modèles prévisionnels n'ont pas inclus dans leurs calculs.

Voir aussi Contre-info.

- Le trou d'ozone ne se résorbe toujours pas !

Pourquoi n'observe-t-on pas un rétablissement plus rapide ? D'abord parce que le temps de présence des CFC dans l'atmosphère est très long (les substances les plus destructrices ont une durée de vie de 100 ans !). Donc pour qu'ils disparaissent totalement de l'atmosphère, il faudra encore attendre plusieurs dizaines d'années. Ensuite parce que ce processus de destruction d'ozone semble s'auto-entretenir. De fait, la diminution de la concentration en ozone induit une moindre absorption du rayonnement UV, et donc un refroidissement de la stratosphère. Or ces basses températures favorisent la formation de nuages stratosphériques polaires, à la surface desquels les réactions chimiques de destruction ont lieu. Enfin, dernier élément, il a également été démontré que l'accroissement des émissions de gaz à effet de serre pouvait retarder le rétablissement du trou en refroidissant également la haute atmosphère. Selon la plupart des modèles, il faudra attendre 2060 ou 2075 pour retrouver des valeurs de concentration d'ozone identiques à celles qui prévalaient avant 1980.

Voir une vidéo ou Futura-Sciences.

- Arctique : le minimum de 2007 n'est pas battu

Voilà qui fera plaisir aux sceptiques cette fois, les craintes d'une aggravation par rapport à l'année dernière étaient injustifiées, on a juste fait à peu près pareil, pas loin du minimum de l'année dernière ce qui est déjà énorme ! Que le pire ne se soit pas produit ne signifie pas du tout qu'on n'avait pas de raisons de s'en inquiéter, ni que tout va bien. Rien qui indique un refroidissement pour l'instant mais tout au plus une pause, sans doute imputable à La nina, et qui devrait se terminer à la fin de l'année prochaine. Ce sont des cycles bien connus, pas des inventions. Cela n'empêche qu'on ne peut être sûr de rien et si les nouvelles s'améliorent pour une raison inconnue, ce sera la fête mais il n'est pas encore temps de se réjouir tant que la menace ne s'est pas éloignée de nous.

Actuellement à son minimum, la banquise est un peu plus étendue qu'à la même époque l'an dernier, lors de sa régression historique. La tendance générale reste à la baisse.

Le NSIDC (US National Snow and Ice Data Center ) vient de publier un état des lieux de la banquise arctique, indiquant qu'elle avait atteint 4,52 millions de kilomètres carrés ce 12 septembre. Pourquoi cette date ? Parce que l'été se termine et que la banquise a de nouveau commencé à s'étendre vers ses quartiers hivernaux. La valeur annoncée est donc proche du minimum annuel. Depuis une dizaine années, la question est de savoir si le record sera battu car en effet la banquise (eau gelée à la surface de la mer) a tendance à se rétrécir davantage à chaque minimum estival.

En septembre 2007, la banquise arctique ne mesurait plus que 4,13 millions de kilomètres carrés. Le chiffre avait impressionné car il pulvérisait le précédent record de 5,32 millions de kilomètres carrés qui ne datait que de 2005. La comparaison avec des données plus lointaines donnent la mesure du phénomène. Durant la période 1979-2000, la moyenne était de 6,76 millions de kilomètres carrés.

La tendance à la baisse ne fait pas de doute mais sa mesure, elle, reste délicate. L'un des paramètres est l'épaisseur de la glace mais elle n'est pas facile non plus à estimer.

Aujourd'hui, les scientifiques admettent tous qu'il est possible que la banquise disparaisse complètement en été au cours de ce siècle. Mais les pronostics s'étalent de 2012 à 2050...

- Des cyclones de plus en plus dévastateurs

Il était difficile de savoir si le réchauffement produirait plus de cyclones ou des cyclones plus puissants et dévastateurs. Il semble que ce soit la puissance des cyclones qui soit en hausse pour l'instant.

Deux équipes américaines viennent de publier les résultats d'une étude portant sur 25 ans d'observations des cyclones tropicaux. Ils concluent à une augmentation des vents en surface et à une influence significative de l'augmentation des températures de l'atmosphère et des océans.

Selon les résultats publiés, la vitesse moyenne des vents aurait crû de 225 km/h en 1981 à 251 km/h en 2006, soit environ 11%, tandis que la température des eaux de surface océanique au niveau de la formation de ces cyclones aurait augmenté de 28,2 à 28,5°C.

En regardant uniquement les plus forts des cyclones tropicaux, pour lesquels le lien entre les tempêtes et le climat est le plus prononcé, nous pouvons observer la tendance à l'augmentation que nous indiquent à la fois la théorie et les modèles.

- Les sécheresses africaines peut-être influencées par l'hémisphère nord

Ces observations ne permettent pas d'esquisser un mécanisme climatique mais entraînent surtout des doutes sur les modèles actuels. Il semble que des régions très éloignées puissent être ainsi climatiquement couplées. Il semble également que des changements importants puissent intervenir de manière rapide, beaucoup plus, en tout cas, que ce que l'on imaginait...


- 1500 bateaux à nuages

L'idée déjà ancienne de Stephen Salter de produire des nuages avec des brumisateurs d'eau de mer resurgit, non pour produire de la pluie cette fois mais pour réduire le réchauffement. Il semble bien préférable, en effet, d'augmenter la couverture nuageuse que de mettre un voile de soufre pour moins souffrir du soleil, mais comme l'évaporation augmente déjà avec les températures, on ne ferait peut-être qu'ajouter au déluge... On imagine plutôt une sorte d'escadre mobile pour se porter aux points qui en ont besoin. Le système fonctionne avec la force du vent et des rotors utilisant l'effet Magnus (Anton Flettner) qui projette l'eau de mer dans l'atmosphère.

- Les traînées de condensation des avions augmentent l'effet de serre

Envisat révèle un véritable faisceau de traînées de condensation (en anglais « contrails ») laissées par les avions survolant l'Italie du Sud, la mer Adriatique et une partie de la Croatie.

Ces traînées peuvent se dissiper après quelques minutes ou plusieurs heures. Elles peuvent aussi évoluer pour former des cirrus artificiels persistants s'installant parfois pendant des jours ou des semaines. Ces traînées et ces cirrus ont un impact potentiel sur le climat de la planète en conservant la chaleur de la Terre à l'intérieur de l'atmosphère de la même manière que les gaz à effet de serre.

Les nuages hauts renforcent l'effet de serre alors que les nuages bas réduisent le réchauffement !

- Les émissions de CO2 continuent d'augmenter !

Selon le rapport, le taux de croissance du CO2 atmosphérique est environ quatre fois supérieur depuis l'an 2000 à celui de la décennie précédente, et l'efficacité des puits naturels de carbone a diminué. La Chine et l'Inde sont les deux pays qui présentent l'augmentation la plus importante d'émissions de CO2. L'Inde devrait dépasser la Russie et devenir dans les années à venir la troisième source principale de rejets.

La Chine est devenue le premier pollueur mondial et ce niveau d'émissions se situe un peu au-dessus des scénarios les plus pessimistes que le GIEC avait envisagé (voir Le Monde.

Cette chute d'efficacité-carbone, que les chercheurs voient apparaître entre 2000 et 2005, est attribuée au grand nombre de centrales à charbon de conception ancienne construites, pendant cette période, dans les provinces de l'intérieur de la Chine. Les 18% restant sont à imputer à la baisse d'efficacité des puits naturels de carbone : la biosphère terrestre (plantes, animaux sauvages et domestiques, etc.) et l'océan (dissolution directe du CO2 dans l'eau ou absorption par le phytoplancton).




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