Des outils pour une démocratie des choix technologiquesJacques MIRENOWICZ Chercheur, correspondant de l'Institut pour la communication et l'analyse des sciences et des technologies à Fribourg |
Le progrès face au bien commun
Le progrès, à présent, ne signifie plus une science au service de sa seule gloire ou de la pure logique économique, mais une science "maîtrisée" au service du bien commun. Or, le bien commun intéresse tout le monde. Le progrès voudrait donc qu'on permette au citoyen "ordinaire" de soulever, en toute transparence, certaines questions clefs pour l'avenir de nos sociétés. Entre autres : quelles valeurs déterminent les choix technologiques ? Que font les autorités publiques pour favoriser la pluralité des options disponibles, pour laisser l'avenir le plus ouvert possible du point de vue des sciences et des technologies ? Que font-elles pour aider les citoyens à connaître ces options ?Questions de méthode
Le TA a confié l'organisation du PubliForum à un "groupe d'accompagnement" de dix personnes, dont trois membres du Comité directeur du TA, un économiste et deux spécialistes des procédures de démocratie participative travaillant à l'étranger. Les différents intérêts, privés et publics, concernant l'électricité en Suisse (dont les sensibilités pro et antinucléaires) étaient représentés dans ce groupe. De son côté, l'OPECST a confié l'organisation de la conférence à un "groupe de pilotage" de sept personnes, tous fonctionnaires d'État, dont six chercheurs. Parmi les trois personnes chargées de la méthode, aucune n'avait suivi de près une telle procédure. Parmi les spécialistes des OGM, aucun économiste n'était présent.Un rapport français sous contrôle
Les rapports reflètent ces différences. Le panel suisse pose d'emblée la question du cadre éthique. Des commentaires sur le développement durable et les générations à venir lui font estimer que les objectifs à suivre en matière de production d'électricité sont incompatibles avec les énergies nucléaire et fossile. Logiquement, le rapport insiste sur l'importance extrême des énergies renouvelables et des économies d'énergie. C'est sous cette lumière qu'il aborde les enjeux de la libéralisation du marché, la prise en compte des coûts externes et les taxes d'incitation.J. M.