Actualités

Numéro Anniversaire de la revue « Psychologie de la motivation »

Le 14  avril 2006 par Rédaction Transversales

La Revue de "Psychologie de la motivation" publie un numéro exceptionnel à l’occasion de son 20ème anniversaire. Sous le titre général "Pour un humanisme éclairé", on y trouvera le regard actuel sur la société d’Édgar Morin, Patrick Viveret, René Passet, Laurence Baranski, Jacques Robin, Armand Petitjean, Jean Tellez, Nicole Van der Elst et de bien d’autres.

Site : http://psychomotivation.free.fr

POUR UN NOUVEL HUMANISME Les revues généralistes de qualité ne sont pas légion. On connaît Esprit et Les temps modernes, deux titres phares ancrés depuis plusieurs décennies dans le paysage intellectuel. On pourrait citer deux ou trois autres livraisons de moindre rayonnement ou plus récentes, et assurément parmi elles : La Revue de psychologie de la motivation (RPM). Sa diffusion depuis 1986, date de sa naissance, reste discrète et le titre quelque peu austère donne à penser que son champ éditorial la cantonne dans une case bien précise et quelque peu universitaire des sciences humaines. Il n’en est rien. La RPM s’origine dans la pensée très méconnue en France de Paul Diel qui, après Freud et d’autres chercheurs célèbres, explore la psyché, mais surtout élabore une science de la conscience humaine dans la cohérence et la complexité de ses dimensions et expressions. Avec la volonté de contribuer à la création d’un « nouvel humanisme ».

Un humanisme qui, sous réserve d’inventaire de l’héritage occidental, travaille à en réévaluer les fondements et les expressions (sociétale, politique, économique, etc.). Cet humanisme moderne a entrepris d’articuler les formes très désaccordées de l’Occident : développement individuel et développement collectif qu’on pourrait redoubler par une autre dualité : développement intérieur et « développement extérieur » (celui-là même qui a fait la grandeur mais aussi la faiblesse de l’Homo sapiens occidental). Une discipline que Paul Diel appelait la psychique - par contraste et différenciation avec la physique - s’est constituée tout le long du XXe siècle avec l’avènement de la psychologie des profondeurs. Elle est en voie de pouvoir s’affirmer comme champ essentiel de la connaissance humaine, intégrable comme les autres disciplines dans la formation scolaire, et cela dès l’école maternelle. Ses modalités de transmission concrètes largement expérimentées, voire officialisées ailleurs comme au Québec, n’entraînent pas de surcharge des programmes mais au contraire facilitent l’appropriation des connaissances et la tâche des enseignants. En ces temps de brûlante interrogation sur le mal-être de l’école et sur l’échec scolaire, pourvoyeur central des conduites déviantes, il y a là une voie royale dans laquelle il faudrait résolument s’avancer. Le N° 31 de la RPM contient à cet égard de très significatifs témoignages.

Le N° 32 élargit le thème et montre, avec Edgar Morin, que c’est pour avoir ignoré ou sous-estimé l’importance des liens entre l’individuel et le collectif que l’histoire a produit - et produit - les dérives tragiques que l’on sait. Ordonnées autour de trois thèmes : Politique et psychologie ; Pour un autre développement ; Éducation et société, les réflexions qu’il réunit tentent de répondre à la question : comment relier vie personnelle et vie collective, esprit démocratique et institutions démocratiques, fraternité humaine et réalisme politique ? Il faut souligner que la revue, tout en fructifiant l’apport de la psychologie de la motivation, a su déployer des liens avec les autres courants des sciences humaines et sociales et établir également un réseau d’échanges et d’accordage avec des collectifs qui frayent dans la même direction : celle de donner sens et saveur au « sentiment d’humanité » qu’une politique trop ancrée dans l’économisme » tend à débiliter. La RPM souligne la fécondité de ses rencontres avec des mouvements profonds d’idées et de propositions comme Transversales-science/culture (Jacques Robin), l’Association pour la pensée complexe (Edgar Morin), la Fondation pour le progrès de l’homme (Pierre Calame), le Centre international Pierre Mendès-France (Michel Rocard), et d’autres encore. Après [seize ans] de parution bi-annuelle, ce patient travail finit par former un patrimoine éditorial qui mérite qu’on s’y arrête pour puiser réconfort et sens pour la pensée et l’action.

Bruno MATTÉI, Cultures en mouvement, mai 2002.