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La Revue Internationale des Livres et des Idées no 5

Le 16  mai 2008 par Jean Zin

Cette nouvelle revue s’installe dans le paysage avec une livraison encore bien intéressante et qui tranche avec la production habituelle.

La question qui court d’un texte à l’autre est celle de l’Etat attaqué aussi bien par Thatcher, Negri ou Badiou, ce qui signe l’appartenance à une époque aujourd’hui révolue sans doute ( ?).

-  Le populisme autoritaire, Jérôme Vidal

C’est sans aucun doute l’article le plus intéressant qui nous fait part de la conception du "Thatcherism" par Stuart Hall, figure des cultural studies et directeur de la New Left Review en son temps. Ce qui me semble la faiblesse de ces approches par l’hégémonie idéologique, c’est un certain idéalisme, comme si ce n’était qu’une question de bonne propagande. L’explication par l’opposition des petits propriétaires endettés aux prolétaires ne me convainc guère, ce qui aurait dû favoriser l’inflation. Il me semble plus intéressant d’expliquer au contraire la perte des solidarités par la dépression elle-même et le vieillissement de la génération dominante alors que la reprise de l’inflation et le changement de génération stimulent au contraire les luttes collectives. Il n’en reste pas moins intéressant de comprendre comment ces idéologies s’agencent (un néolibéralisme autoritaire) et imposent leurs évidences ("libre choix", gouvernance individualisante).

-  L’historiographie de 68, Xavier Vigna

Plus anecdotique : La France des années 68, La Pensée anti-68, 68, une histoire collective, Mai-juin 68

-  L’hypothèse communiste d’Alain Badiou, Peter Hallward

Je ne partage ni la philosophie, ni le maoïsme d’Alain Badiou mais il est malgré tout un philosophe stimulant. Je ne sais si j’arriverais à écrire une critique de sa "Logique des mondes" où il défend, entre autres, cette idée que depuis toujours (depuis la dispute chinoise sur le sel et le fer) il faut un pouvoir dictatorial pour s’opposer au pouvoir de la richesse, mais il s’oppose au stalinisme en ce qu’il faut s’appuyer sur les masses et leur faire confiance. Il dégage aussi plusieurs périodes dans l’idéologie révolutionnaire face à ses échecs historiques : celle de la révolution, celle d’un pouvoir durable, celle d’un pouvoir durablement révolutionnaire...