A voir à lire

Daniel Favre, Transformer la violence des élèves (Cerveau, motivation, apprentissages)

Le 22  décembre 2007 par Armen Tarpinian

Un ouvrage écrit pour les enseignants et pour toutes les personnes concernées par la prise en charge éducative de la violence des enfants et des adolescents.

Comment un enfant, dont la curiosité semble insatiable, peut-il devenir un adolescent recherchant dans la violence envers autrui la satisfaction qu’il ne trouve plus à travers les apprentissages ou la rencontre avec les autres ? Pour répondre à cette question et aider réellement les jeunes, Daniel Favre montre d’abord comment fonctionne le cerveau dans ses dimensions cognitive mais aussi et surtout affective : comment s’enracinent les peurs, comment se fabriquent les besoins d’être le plus fort, d’obtenir un plaisir immédiat. Le bilan de dix ans de recherches menées par l’auteur sur la prévention de la violence montre que les enseignants, tant au primaire qu’au secondaire, peuvent efficacement aider les jeunes à transformer leur violence en un désir d’apprendre renouvelé.

L’auteur propose en ce sens six outils théoriques et pratiques aux effets prouvés sur le terrain et qui appelleraient une expérimentation progressivement généralisée  :

* Apprendre à l’élève à mieux gérer les nécessaires déstabilisations cognitive et affective.

* Décontaminer l’erreur de la faute dans les apprentissages.

* Construire un mode d’autorité distinct de la domination-soumission.

* Choisir l’affirmation de soi non-violente, l’écoute, l’empathie et renoncer à la manipulation.

* Associer la transmission des savoirs et la socialisation des élèves.

* Dépasser un conflit de valeurs de notre société et favoriser l’émergence de l’humain

(http://transformerlaviolencedeselev...)

DUNOD 2007

EXTRAIT « Nombreux sont les enseignants tentés, un jour ou l’autre par des propos désabusés du type : “Ils n’écoutent vraiment rien !” ; “Mais qu’est-ce qui peut donc les intéresser ?” (...) Quand on regarde agir un enfant de 3 à 5 ans, ce qui frappe généralement, c’est son appétit pour l’exploration, pour les inattendus de la vie : sa curiosité semble insatiable, toute réponse lui donne envie d’en savoir plus et relance ses questions. Or de nombreux pédagogues constatent avec regret qu’au cours de la scolarité, cette source de plaisir engendrée par les apprentissages, se tarit : la plupart des adolescents ne se motivent plus que pour la note. Si le devoir n’est pas noté, disent les enseignants, les élèves ne travaillent plus, montrant d’ailleurs ainsi que ceux-ci ont bien intégré les valeurs implicites de notre société. Nous baignons malheureusement dans une culture où les notes à l’école ne sont pas basses ou élevées, elles sont mauvaises ou bonnes et participent donc à notre identité ; elles nous désignent comme mauvais ou bon, et si on est mauvais élève, on est exclu... (...) Comment le jeune peut-il éprouver du plaisir à l’école si celle-ci accentue le manque d’estime de soi et le sentiment d’exclusion déjà engendrés au sein de la société ? Le cerveau humain a alors d’autres « ficelles » pour procurer des satisfactions : les toxicomanies sans drogue. De nombreux comportements sont susceptibles de produire des récompenses comme une drogue et parmi eux : la violence. En rendant les autres faibles ou impuissants, on peut se sentir fort ; en inquiétant autrui, on devient source de préoccupation, on existe enfin ! Un enjeu essentiel de l’école est donc de faciliter les conditions permettant au jeune, initialement explorateur né, de ne pas devenir dépendant des stimulations que procure la violence et ainsi ne pas l’inciter à rechercher dans la domination ou la soumission ce qu’il ne peut trouver à travers les apprentissages ou la rencontre avec les autres. Cet ouvrage ne propose pas de désigner des coupables ou de supprimer les notes à l’école ; ce serait si simple et si tentant ! La démarche se veut logique. Pour que les jeunes restent principalement motivés par l’apprentissage, il faut d’abord comprendre comment fonctionne le cerveau dans toutes ses dimensions, cognitive mais aussi et surtout affective. Comment s’enracinent les peurs, celle de faire des erreurs ou celle de l’étranger ? Comment se fabriquent des besoins, celui d’être le plus fort ou d’obtenir le plaisir dans l’instant ? L’objectif est donc de fournir des bases pour comprendre la violence et permettre la formation des enseignants dans une perspective où la prévention de la violence ne sera pas dissociée de la transmission des savoirs. »