Jacques Robin

Toi seul

Le 13  juillet 2007 par Véronique Kleck

Aujourd’hui tu es parti. Je ne te reverrai pas. Je garde le souvenir de toi, une image étrangement nette devant mes yeux. Toi, sur ton canapé, toi qui t’émerveillais toujours de cette tour Eiffel au kitch clignotant, ou des fleurs nouvelles sur ta terrasse, du retour du couple d’oiseaux... tu m’offrais du champagne, toujours, dans des verres gigantesques, au fond épais. Il n’y a pas si longtemps tu te servais du whisky pour m’accompagner. Et puis tu n’as plus bu de whisky. Tu parlais. Je t’écoutais me dire tes lectures, tes découvertes, tes révoltes... tu cherchais agacé l’article ou la lettre que tu voulais me montrer... et puis tu racontais aussi les hommes et les femmes que tu aimais... et les enfants aussi... et à un moment, toujours, tu me regardais dans les yeux et tu me demandais « et toi, ma véro, comment vas tu ? ».

Tu es un des hommes de ma vie. Et une seule main suffit à les compter. Tu m’as fait devenir ce que je suis devenue. Ma vie n’aurait jamais été celle qu’elle a été et est encore aujourd’hui, sans toi. Tu as pris ma main, il y a longtemps déjà, et tu m’as fait gravir une montagne, en m’ouvrant le chemin, pour me montrer ce qu’il y avait derrière la colline. Toi seul savait ce que tous ignoraient : le prochain carrefour, le futur déjà présent, le lointain si proche. Et tu savais découvrir en chacun de nous ce qui le faisait grandir, ce qui le rendait meilleur. Tu as rendu ma vie belle, pleine, riche.

Samedi dernier, je t’ai appelé pour venir te voir. Tu as dit que tu avais plein de choses à faire, que tu étais un peu fatigué.... Je savais que tu me racontais des histoires... et puis tu es parti, sans me dire au revoir. C’est sûrement mieux comme ça. Je prendrai une coupe toute seule, en laissant pleurer mes yeux. Tu seras là, toujours. dans toutes les bulles de champagne de ma vie. Merci pour tout mon Jacques. A bientôt. Vero