Risque et Société

Du 18 au 20 novembre 1998 s'est déroulé, à la Cité des Sciences et de l'Industrie, un colloque sur "Risque et Société". Malgré l'intérêt et l'actualité de cette question, le colloque décevait par sa forme et son contenu.

  • Sur le plan organisationnel, l'absence d'intervenants du secteur associatif au profit d'une majorité de politiques et d'industriels était révélatrice d'une contradiction entre un discours prônant le débat et des pratiques ne visant qu'à rassurer la population.

  • Sur le fond, les affirmations : "le risque zéro n'existe pas", "il n'y a pas d'entreprise sans risque", "trop de précautions paralysent l'action" revenaient comme un leitmotiv. Les responsables politiques se sont montrés rassurants en expliquant qu'ils oeuvraient au mieux pour le bien de tous et que les inquiétudes de la population étaient déplacées. Les quelques sociologues présents essayaient quant à eux d'expliquer que leurs analyses des situations de risque montraient la nécessité de réduire les possibilités de décisions unilatérales en organisant des espaces de discussion ouverts faisant intervenir des acteurs d'horizons différents. Ils dénonçaient le préjugé selon lequel la population serait guidée par des peurs irrationnelles, préjugé que les responsables politiques brandissaient comme une vérité intangible.

    Finalement, plutôt que d'essayer de prendre le maximum de précautions pour ne pas exposer la population à des risques inutiles, les hommes politiques ont préféré évoquer les incertitudes scientifiques et se focaliser sur les morts dûs au tabac ou aux accidents de voiture. S'ils cherchent à modifier les comportements de leurs électeurs (arrêter de fumer, par exemple), ils ne sont pas prêts à changer les leurs. Ce colloque l'a admirablement bien illustré.

    Brigitte CHAMAK