|
Lettre d'information n°2
septembre octobre 2003 |
|
|
Edito
° Jacques Robin
Invité
° Stéphane Hessel
Repères
° Si rien ne change, tout va changer !
L'analyse de Jacques Grinevald
° Ménopause : entre controverses, enjeux financiers et modes
° USA : La science instrumentalisée ?
° SMSI : un échec au goût de réussite ?
L'opinion de Valérie Peugeot
Brèves
° Transmission du prion chez
le cerf en Amérique du Nord
° Le clonage se rapproche
de l’Homme
° Energies nouvelles : une
bactérie artificielle pour produire de l’hydrogène
° Le Parlement européen
rejette la brevetabilité des logiciels
° La commission européenne
ouvre la porte aux brevets sur les OGM
° L’observatoire des
inégalités : chiffres à l’appui
Voir / Lire
° La triple hélice
° Enfants du Ciel
° La société civile face au pouvoir
|
|
Edito
La
Croissance.
De quoi ?
Accélérer la croissance économique (et par
là même travailler plus pour consommer plus) !
Cette litanie permanente prépare deux catastrophes : l’aggravation
de l’effet de serre et la montée d’inégalités
économiques et sociales sans précédent (chômage
de masse, violences liées à la pauvreté). La
notion de "développement durable" elle-même
a été déformée : au nom de la lutte
contre la pauvreté, on propose une nouvelle marche vers la
"Croissance économique", qui épuise les
ressources naturelles et rend impossible leur renouvellement !
Mais au fait quelle Croissance ? La croissance de quoi ?
Uniquement celle des richesses matérielles mesurée
par le PIB. Une nouvelle appréciation des richesses non marchandes
devient aujourd’hui indispensable, une perspective élargie
des "besoins humains".
Quelles sont les mesures indispensables pour réaliser une
telle alternative ?
1. Substituer à l’économie capitaliste de marché
" une économie plurielle" certes avec marché,
mais avec d’autres logiques économiques au service
des biens communs et des services publics, de l’économie
sociale et solidaire, du revenu d’existence suffisant pour
tous.
2. Employer des indicateurs qualitatifs, refondre les comptabilités
publiques, mettre en place une pluralité d’instruments
d’échanges (en particulier des "monnaies plurielles").
3. Accélérer la production et la consommation de biens
immatériels non marchands, relancer les activités
locales, et réaliser des économies drastiques d’énergie.
La recherche d’objectifs humains politiques et écologiques
sont seuls susceptibles de nous faire retrouver les finalités
humaines qui donnent sens à notre vie personnelle et sociale.
Une décroissance sélective des richesses marchandes
en Occident devient impérative (démographie, consommation
-l’automobile en particulier-, et nucléaire). Pour
parvenir à une telle alternative, il faut pratiquer un "réformisme
radical", et non une simple réforme de droite ou de
gauche.
Jacques Robin
En savoir + : lire
l'édito complet (format
PDF) |
|
Identification des liens :
Au survol les liens proposés dans les articles changent
de couleur, ces couleurs indiquent de quelle nature est
la cible de ce lien :
> Texte de référence
> Article de presse
> Opinion |
|
|
|
|
|
Invité
|
|
3 questions à. Stéphane
Hessel
> Diplomate et ambassadeur, notamment
à l’ONU. Membre du Haut Conseil pour la Coopération
Internationale jusqu'en 2002.
L’ONU,
une organisation à réformer ?
Je ne poserai pas le débat en ces termes. A mon sens il ne
s’agit pas de réformer l’ONU qui est et reste
l’organisation intergouvernementale dont nous avons besoin.
Il s’agit de réaffirmer le primat de cette institution
pour les Etats membres et que ceux-ci doivent mettre en mesure de
remplir toutes les missions que sa charte lui confie. Si l’ONU
paraît insuffisamment efficace, c’est que ses Etats
membres et notamment les plus puissants d’entre eux n’ont
trop souvent pas pris au sérieux les engagements qu’ils
ont pris dans ce cadre. La Charte n’a pas vieilli, même
si la situation du monde, les défis nouveaux, l’accession
de cent nouveaux Etats souverains exigent une adaptation de son
fonctionnement pratique.
Que faire alors pour redonner à
l’ONU sa légitimité ?
Il convient de conférer une nouvelle interprétation
aux principes fondateurs de la Charte. Le Conseil de Sécurité
(chapitres VI et VII de la Charte) doit être constitué
selon ses missions qui sont essentiellement axées sur le
maintien de la paix et le règlement des conflits. Pour remplir
ces missions, cet organe a besoin de la coopération énergique
des nations qui assument dans le monde actuel les principales responsabilités,
au plan mondial et au plan régional. Ce ne sont plus les
mêmes qu’en 1945. Il faut donc revoir sa composition
et inclure d’autres Etats parmi ses membres permanents afin
d’accroître son efficacité.
Le Conseil Economique et Social (chapitres X et XI de la Charte)
à qui la Charte donne des compétences très
larges n’a pas tenu ses promesses. Son rôle doit être
réaffirmé et sa composition révisée.
Afin de lui donner tout son poids face au déséquilibre
scandaleux de l’économie mondiale, ce sont les chefs
de gouvernement qui devraient y siéger, comme actuellement
au G8.
Troisième aggiornamento : le déficit de la prise en
charge des enjeux de l’environnement et ceux de l’information
et de la communication doit pouvoir être pris en compte par
des organes appropriés de l’ONU .
A l’image de l’Europe,
un accès direct des citoyens à une forme internationale
de représentation reconnue par les Etats doit-il être
envisagé ?
C’est l’interprétation moderne à donner
à la Charte qui commence par les mots "Nous, peuples
des Nations Unies…". Au-delà du rôle consultatif
dont disposent déjà les ONG, il faut rendre opérationnel
l’accès de la société civile aux décisions
élaborées par les instances intergouvernementales,
en prenant exemple sur le tripartisme : Etat, employeurs, salariés,
qui existe depuis 1919 dans l’Organisation Internationale
du Travail.
En savoir + : La
Charte des Nations Unies.
|
|
|
|
Repères
|
|
Ménopause
: entre controverses, enjeux financiers et modes
[ vivant ]
Les controverses tant sur les bénéfices (contestés)
que sur les risques associés des traitements substitutifs
de la ménopause se multiplient. L’été
dernier, des résultats anglais ont confirmé les risques
accrus de cancers du sein et d’accidents cardio-vasculaires
associés à la prise d’oestrogènes et
de progestatifs. "Depuis dix ans et en Grande-Bretagne, les
traitements substitutifs ont causé 20 000 cancers du sein
supplémentaires chez les femmes âgées de 50
à 64 ans" conclut l’étude faite sur un
million de femmes anglaises (MWS). Le risque est supérieur
pour les femmes prenant une association de deux molécules
(oestrogènes et progestérones) par rapport à
la prise d’oestrogènes seuls et il perdure même
après arrêt des traitements (1).
Un point majeur est toutefois à relever : la prise de ces
hormones par voie transdermique (patch, gel) - qui constitue la
majorité des prescriptions en France - semble supprimer les
effets néfastes cardiovasculaires (2).
Désormais, les instances françaises
(Afssaps)
mais surtout allemandes préconisent la prudence : usage quand
symptômes aigus, surveillance et limitation de la durée.
Pourtant, aux États-Unis, plusieurs personnalités
dirigeant la North American Menopause Society ou le Kronos Longevity
Research Institute contestent les effets négatifs relevés
et prônent
des traitements anticipés. Il faut dire que, dans la
mentalité américaine où ces traitements sont
banalisés depuis 1960, la ménopause est non seulement
un gros marché mais elle est considérée comme
une maladie, un état à dominer, comme la reproduction
le fut avec la pilule ! De façon plus globale, les millions
de femmes habitant les pays du Sud continuent d’affronter
seules les conséquences médicales liées à
cette étape de vie.
USA : La science instrumentalisée ?
[ citoyenneté ]
Publié le 7 août dernier sous la direction du démocrate
Henry
A. Waxman, le rapport officiel "Politique
et science dans l’administration Bush" suscite de
nombreuses interrogations sur la capacité de l’actuel
gouvernement américain à instrumentaliser le processus
scientifique. 21 domaines sont ainsi abordés (réchauffement
climatique, éducation sexuelle, sida, pollution agricole…),
au sujet desquels l’intégrité scientifique d’Agences
Fédérales aussi réputées que la "Food
and Drug Administration" aurait été, selon les
termes du rapport, "sacrifiée" à des fins
politiques. Des accusations graves, qui vont de la publication d’analyses
peu fiables à la censure pure et simple d’études,
en passant par la désignation au sein de comités d’expert
de personnalités aux "faibles
références scientifiques mais (qui) cultivent en revanche
des liens très étroits avec l’industrie".
L’exemple le plus médiatisé de ces potentielles
"manipulations" concerne le réchauffement
climatique. Le rejet par les USA du protocole de Kyoto repose, outre
la défense du mode de vie américain, sur des "études"
scientifiques contestant l’existence d’un réchauffement
d’origine humaine comme celle rédigée par
Willie Soon et Sallie Baliunas et publiée en 2003 par
la très sérieuse revue "Climate Research".
Analyses aujourd’hui mises à mal par nombres de travaux
comme l’étude "Global
surface temperatures over the past two milliennia"
de Michael
E. Mann et Philips.
D. Jones.
Voir également l’analyse de J. Grinevald.
|
|
Si rien ne change, tout
va changer !
[ changement climatique ]
L'Analyse de Jacques Grinevald
> Philosophe et historien
du développement scientifique et technologique, spécialiste
de l’écologie globale, la science de la Biosphère.
Chargé de cours à l’IUED, Université
de Genève et à l’Ecole polytechnique Fédérale
de Lausanne.
Le texte qui suit est un résumé
de l’entretien complet avec Jacques Grinevald : lire
l’entretien complet (format PDF).
L’effet
de serre constitue un des problèmes majeurs auxquels
nous devons faire face dès aujourd’hui. Les termes
du débat sur le changement climatique doivent être
posés dans un cadre compétent. Ce débat
ne relève pas uniquement de la météorologie,
mais plutôt de la biogéochimie, qui étudie
à la fois l’atmosphère, l’hydrosphère,
la lithosphère, et la biosphère : il nécessite
une vision globale. A ce titre, la planétologie comparée
nous aide également à comprendre : l’effet
de serre explique la température à la surface
de Vénus (chaleur extrême) et de Mars (froid
extrême). La vie a donc totalement transformé
la géochimie de la face de la Terre, et cette biogéochimie
a eu un impact considérable. La Nasa a lancé
l’étude des changements de la Terre, le "Global
Change", dont le paradigme est biogéochimique,
avec une perspective interdisciplinaire et holistique : c’est
le véritable cadre scientifique pour discuter du problème
de l’effet de serre. Mais il faut noter que les économistes
ont envahi l’expertise de l’IPCC
(GIEC), ainsi que les négociations internationales !
L’origine de l’inquiétude apparaît
vers 1970, avec la courbe de Keeling (dérive de la
concentration du CO2 dans l’atmosphère) : cette
courbe est, depuis la révolution économico-industrielle,
en croissance sur-exponentielle ! J’appelle cela la
"pierre de Rosette" de l’effet
de serre. Par conséquent, si rien ne change tout va
changer : déstabilisation du système, événements
météorologiques extrêmes. L’Homme
accélère les cycles biogéochimiques de
façon trop brutale. Il faut réduire notre impact
sur le système climatique (également appelé
biosphère chez Vernadsky, ou Gaia chez Lovelock).
Il est donc urgent d’agir de tous les côtés.
A l’échelle internationale, on n’échappe
pas à la contrainte majeure de diminution des émissions
de CO2 (même si les Etats-Unis ne montrent pas l’exemple).
L’industrie fait certes de gros progrès, mais
il y a cependant l’effet rebond : même si une
diminution par unité produite est constatable, c'est
l'impact global, en augmentation parce que
le nombre d'unités vendues a lui-même augmenté,
qui compte. Un énorme travail pédagogique reste
à faire : l’Union Européenne pourrait
par exemple décider que le mythe de la vitesse, c’est
terminé. Limitation à 100 km/h sur autoroute.
C’est techniquement faisable, très symbolique
: un déclic pour les mentalités. Au niveau de
l’éducation nationale, il faut une écologie
globale propédeutique. Une année de culture
environnementale pour tous.
La solution nucléaire est souvent évoquée
comme énergie de remplacement aux énergies fossiles
émettrices de CO2 (le nucléaire n’émet
pas de gaz à effet de serre). Mais cela me semble un
leurre : l’histoire du nucléaire est intimement
liée à l’histoire des Etats nucléaires.
Pas de nucléaire civil sans nucléaire militaire,
enseigne l’histoire. Multiplier les centrales dans le
monde n’est pas raisonnable et ne résoudra rien
durablement.
La voie à suivre, c’est la décroissance
soutenable. Il faut sortir de la logique de la croissance
sur les biens matériels, parce que la Terre est limitée
: c’est un monde aux ressources finies. Les gens dans
la misère ont besoin d’un peu de croissance,
ceux à niveau de vie élevé d’une
baisse en valeur absolue. Il faut sortir du mensonge de l’amalgame
du taux de croissance, en changeant le calcul économique.
La décroissance, c’est aussi le désarmement
(militaire et industriel), et une démographie compatible
avec la capacité de charge de la biosphère.
Le développement dit "durable"
n’est donc pas soutenable à long terme : on ne
peut pas développer indéfiniment si les ressources
sont finies. Nous devons prendre conscience des limites. Nous
n’habitons pas sur la Terre, nous faisons partie du
système Terre.
En savoir + : Institut
d'études économiques et sociales pour la décroissance
soutenable - l’effet
de serre de la biosphère : de la révolution
industrielle à l’écologie globale
|
|
|
SMSI
: un échec au goût de réussite ?
L'opinion de Valérie
Peugeot - Vecam
[ citoyenneté ]
La troisième réunion préparatoire du
Sommet
mondial de la société de l’information
(SMSI) vient de s’achever sur un constat d’impasse :
impossible de finaliser les deux textes - déclaration
de principe et plan d’action – que les chefs
d’Etat et de gouvernements doivent entériner
en Décembre à Genève. Au point qu’une
session préparatoire supplémentaire est prévue
en novembre.
Ce sommet annoncé à grand renfort de publicité
comme "multipartenarial", c’est à dire
associant des acteurs du monde de l’entreprise et de
la société civile au processus intergouvernemental,
a surtout fait la démonstration de son incapacité
à penser un mécanisme susceptible de prendre
en compte dans les discussions les propositions de la la société
civile.
Les documents en discussion sont marqué par :
- l’obsession sécuritaire au mépris des
libertés publiques,
- la fascination pour la technologie sans évaluation
des risques,
- le renforcement des droits de propriété intellectuelle
au dépens du domaine public ou de toute forme d’aspiration
à un bien public de l’information,
- la marginalisation des acteurs associatifs et médias
locaux dans leur capacité à intégrer
les plus pauvres dans cette fameuse société
de l’information…
Au point qu’on peut se demander si un échec ne
vaudrait pas mieux que ce galimatia.
A quand une véritable vision sur le rôle que
peuvent jouer les technologies de l’information pour
aller vers des sociétés pacifiées et
solidaires ?
|
|
|
|
|
Brèves
|
|
Transmission
du prion chez le cerf en Amérique du Nord
[ vivant ]
C’est le résultat d’une étude publiée
dans le magazine Nature aux Etats-Unis début septembre
2003. La maladie du dépérissement chronique des cerfs
et des Wapitis se transmet bien "horizontalement", c’est-à-dire
d’animal à animal. La contamination s’effectue
par le regroupement dans le même enclos d’animaux contaminés
et sains.
En savoir + :
Quelles espèces aujourd’hui touchées par le
prion ? - Les
statistiques des décès en France et au RU.
Energies
nouvelles : une bactérie artificielle pour produire de l’hydrogène
[ vivant ]
La question de la fin des ressources énergétiques
actuelles, et de leur remplacement, se pose. Avec une croissance
annuelle du PIB mondial de 2% par an, nous épuisons théoriquement
toutes les réserves connues dans 50 ans, et les réserves
supposées à l’horizon 1 siècle. Le scientifique
américain très controversé Craig
Venter, le premier à avoir décodé le génome
humain, exploite ses compétences en génétique
pour développer une
nouvelle bactérie capable d’absorber du CO2 par
photosynthèse, et produire de l’hydrogène à
partir de l’eau, à très haut rendement. Le gouvernement
américain investit fortement dans ces recherches (projet
recontextualisé).
En savoir + : Energie
et développement durable par JM Jancovici.
La Commission
européenne ouvre la porte aux brevets sur les OGM
[ vivant ]
La Commission européenne a engagé des poursuites à
la mi-juillet à l’encontre de 8 pays européens
(dont la France, l’Alllemagne, les Pays-Bas et l’Italie)
qui n'ont pas traduit dans leur droit national sa directive
98/44/EC sur le brevetage des inventions biotechnologiques (alors
qu'ils avaient jusqu'au 30 juillet 2000 pour le faire). Cette directive,
adoptée en 1998 après dix ans de discussion, demande
aux Etats-membres d’inscrire le brevetage des innovations
biotechnologiques dans le droit national. Mais des controverses
existent sur son champ d’application, puisque la directive
européenne inclut des process faisant intervenir l’ADN,
des produits dérivés du corps humain, et surtout les
OGM. Chacun des huit Etats concernés a ses propres objections,
mais tous se retrouvent pour juger que la directive ne donne pas
suffisamment de garde-fous face aux dérives
possibles. Cette action est à mettre en lien avec la
directive 98/220 relative à la levée du moratoire
sur les OGM en Europe (voir Transversales
n°1, Brèves).
|
|
Le
clonage se rapproche de l’Homme
[ vivant ]
A la liste des animaux clonés vient de s’ajouter
le rat, première mondiale réalisée en France
dans le service du professeur Jean-Paul Renard. Le rat est, d’un
point de vue physiologique, plus proche de l’homme que la
plupart des espèces animales. Le clonage des primates se
rapproche encore.
Les perspectives pour comprendre le contrôle génétique
de la croissance des mammifères franchit également
une étape avec les débuts du décodage du génome
du chien, encore plus
proche de l’homme que le rat.
La question du déterminisme génétique obtient
également des réponses : la spécialisation
des termites (ouvrier, soldat, reproducteur) provient apparemment
de certains gènes. Néanmoins, en fonction des besoins
de l’environnement, les termites peuvent changer de statut
au cours de leur vie, en
activant les gènes adequats.
Une découverte qui vient confirmer la thèse proposée
par Richard Lewontin (cf. Voir / Lire).
Le
Parlement européen rejette la brevetabilité des logiciels
[ citoyenneté ]
Le 24 septembre dernier, le Parlement européen a adopté
la directive sur la brevetabilité des "inventions
implémentées par ordinateur", après
avoir fortement amendé celle-ci. Ces amendements, en garantissant
entre autres que le traitement de l'information n'est pas un domaine
brevetable, interdisent de fait la brevetabilité
logicielle en Europe.
Ce vote des députés européens a suscité
la satisfaction des
défenseurs du logiciel libre. Avant de devenir définitivement
une directive, ce texte, soumis à la procédure de
"codécision", a été renvoyé
devant la Commission européenne qui doit l'adopter dans les
mêmes termes - sinon il retournera devant les députés.
Avant d'être proposé pour validation finale au Conseil
européen.
Au-delà de ce combat nécessaire mais “défensif”,
certains spécialistes se battent pour la reconnaissance de
“droits intellectuels positifs” (voir
notamment Philippe Aigrain).
L’observatoire
des inégalités : chiffres à l’appui
[ citoyenneté ]
Le niveau de vie par habitant des pays à hauts revenus (26 500
dollars par an) est cinq fois plus élevé que la moyenne
mondiale (5 120 dollars) et 62 fois supérieur aux
ressources des habitants des pays les plus pauvres (430 dollars),
d'après le rapport sur les indicateurs du développement
de la Banque mondiale. Les pays d'Asie du Sud et d'Europe centrale
rattrapent un peu leur retard, mais l'Afrique sub-saharienne stagne
et l'Amérique Latine recule. Ces chiffres sont publiés
sur un site tout récent : celui de l'Observatoire
des inégalités, où l'on relève également
cette information : en 1975, les salariés de cinquante ans
gagnaient en moyenne 15% de plus que les salariés de trente
ans. Aujourd'hui, l'écart
est de 40%.
|
|
|
|
Voir
/ Lire |
|
La
triple hélice
Richard C. Lewontin, Ed. Seuil, 09/2003.
Contre les simplifications des néodarwiniens et des généticiens,
prisonniers de leurs métaphores, il faut rétablir
qu'un organisme ne se développe pas à partir du programme
génétique : il est façonné par
quantité de phénomènes aléatoires. L'environnement
n'est pas une sorte de toile de fond immuable sur laquelle s'agitent
les organismes, mais il participe pleinement au développement
de chacun d'eux en même temps que les organismes modifient
leur environnement. Au schéma classique - et simpliste -
"gène / organisme", Lewontin suggère de
substituer la triade "gène / organisme / environnement"
bien plus complexe.
En savoir + : Lire
l’article intégral de Jean Zin. |
|
Enfants du Ciel - Michel Cassé & Edgar Morin, Ed. Odile
Jacob, 04/2003.
L’astrophysique et la cosmologie (Michel Cassé)
ont entre autres finalités celle de situer l’homme
dans l’espace et le temps. Aujourd’hui, elles nous enseignent
que nous avons atteint la 6ème révolution copernicienne
: matière, lumière et énergie que nous percevons
ne constituent que 4% de l’univers ; les lois que nous croyions
"universelles" ne sont liées qu’à
notre petite "province cosmique" ; d’autres
dimensions (environ une dizaine) que nous ne pouvons percevoir,
existent bel et bien. Notre univers, prisonnier de l’entropie,
irait désormais vers une expansion sans fin qui conduit à
sa mort thermique, sans espoir de retour. Le vide, quantique, n’est
pas le néant. "L’invisible devient présence…"
Ces découvertes scientifiques vertigineuses demandent la
rencontre avec la philosophie (Edgar Morin) pour offrir à
l’Homme des réponses sur sa condition sans cesse nouvelle
: à la fois enfant de l’univers et étranger
à ce dernier. Finalement, émerge la notion d’anthropo-cosmos,
selon laquelle chacun d’entre nous contient la totalité
de l’univers, dans sa nature biologique, physique, et dans
ses comportements, sans en être toutefois conscient. L’amélioration
de notre conscience, par l’amour, la poésie, la relation
aux autres, devient dès lors une voie pour apprendre à
vivre sans forcément connaître les fondements de l’univers
et de l’Homme.
|
|
La
société civile face au pouvoir - Roger Sue, Ed. Presses
de Sciences Po , 09/2003.
Ce livre trouve dans la société actuelle des
raisons d'espérer et propose des solutions concrètes
aux problèmes qu'il débusque. Roger Sue, sociologue,
professeur à Paris V Sorbonne, analyse depuis des années
l'évolution des liens sociaux qui se défont et se
retricotent à la faveur des mutations contemporaines (dont
le déploiement des marchés sans frontières
et la recrudescence des inégalités). "Divine
surprise" pourtant, nous dit-il à la suite de Bourdieu,
"le politique s’affirme contre la politique".
Cette dernière est minée par l’atrophie progressive
de ses fonctions classiques : pouvoir, discours, représentation
et légitimité, alors que progresse l’exigence
démocratique. Les mouvements sociaux et citoyens se développent
dans le monde entier et l’opinion perçoit désormais
que c’est là que se joue l’avenir de la démocratie.
Pour l’auteur nous vivons un renversement majeur de la vie
politique, et une nouvelle dynamique sociale est en marche. Il en
donne deux illustrations. Tout d’abord les défaillances
du système représentatif (comment d’ailleurs
l’individu d'aujourd'hui qui revendique son ego et préfère
l'affiliation à l'appartenance, pourrait il être "représentable"
?). Le développement du phénomène associatif
ensuite qui reflète la volonté de chacun de construire
ses liens sociaux par affinités au lieu de les subir. C’est
dans cette logique que se situe Roger Sue pour préconiser
la généralisation de "la relation d'association",
à ne pas réduire aux Associations 1901, et dont on
trouve déjà de nombreux exemples : en famille, où
les relations ressemblent de plus en plus à celles de "libres
associés", dans les réseaux multiples qui
se créent avec Internet, dans d'autres réseaux informels,
dans certaines entreprises innovantes aussi. Pas d’angélisme
cependant : "Le lien d’association est vivant, tumultueux,
conflictuel" mais il est libre et il prépare le
rôle de la société civile comme acteur politique
majeur. "C'est par le bas comme toujours qu'on reconstruira
un système politique crédible." |
|
|
|
Président et directeur de la publication : Joël de Rosnay
Groupe d'orientation : Jacques Robin, Laurence
Baranski, Philippe Merlant, Annie Battle, Thierry Taboy, Patrick
Viveret, Jean Zin, Valérie Peugeot.
Equipe de rédaction :Philippe
Merlant (rédacteur en chef), Thierry
Taboy, Valérie Peugeot, Laurent Jacquelin, Valérie
Chapuis, Alexandre Faesch, Dorothée Benoit Browaeys.
Design et production : Agence
Révolutions / Nicolas Berranger, Philippe Clavaud.
Pour ne plus recevoir la lettre Tranversales : cliquez
ici
|
|
|