Thématiques > Citoyenneté

Quel projet pour Internet à l’Ecole ?

Le 31  mai 2003 par Bernard Benhamou

L’Internet à l’Ecole est aujourd’hui à la croisée des chemins. En effet les mutations technologiques, culturelles et industrielles de l’Internet, pourraient remettre en cause ses principes fondamentaux. Nous pourrions passer d’un Internet d’échange à un Internet de diffusion. Or c’est le principe d’échange qui est à l’origine même de la création et du succès de l’Internet. Face aux changements de l’Internet, l’Ecole doit à la fois tenter de lui donner du sens et permettre aux élèves d’en retirer des bénéfices scolaires. Pour y arriver l’Ecole doit permettre aux élèves de se former à devenir des citoyens/internautes actifs et pas seulement des téléspectateurs/consommateurs passifs.

C’est au travers de la réalisation de projets collaboratifs que nous pourrons développer cette culture citoyenne de l’Internet. A terme ces projets collaboratifs menés par l’ensemble des établissements pourront constituer des bases d’informations locales qui rassembleront de données à la fois géographiques, topographiques et historiques des villes, des départements et des régions. Les informations ainsi rassemblées pourront alors être mises en commun à l’échelle des académies et complétées par des établissements distants.

Un exemple de ce genre de projets collaboratifs sur Internet nous a été donné par nos voisins italiens lors de la constitution du site Histoire et Mémoire. Plus de 1000 lycées italiens ont ainsi participé à l’élaboration d’une grande base d’informations historiques sur la période pré et post-mussolinienne. Ce projet soutenu par la Présidence de la République et le Parlement italien a été réalisé en collaboration avec le journal La Repubblica. Rapidement ce projet éducatif est devenu le deuxième journal le plus lu sur Internet en Italie. Loin de n’être qu’un exercice " technique " ce projet a permis aux élèves des lycées italiens d’aller à la recherche de l’histoire de leur commune ou de leur région.

A l’opposé, la plupart des sites réalisés aujourd’hui par les établissements scolaires le sont de manière isolée. Le fait de structurer ces projets à l’échelon local, régional et national, pourra constituer une motivation supplémentaire pour l’ensemble des acteurs scolaire dans la réalisation de ces projets. L’un des avantages de ces projets sera aussi de permettre aux élèves d’entamer une recherche d’informations en dehors du cadre scolaire et ainsi promouvoir un dialogue intergénérationnel. En particulier lorsque ces projets auront trait à l’histoire, à la géographie ou au patrimoine local. Un autre avantage de ces bases d’informations de proximité est qu’elles pourront être déclinées sur l’ensemble des plateformes technologiques mobiles de géolocalisation. En effet, pour les citoyens, les systèmes d’information géographiques seront amenés à devenir à la fois des outils quotidiens et des aides à la prise de décisions locales.

A la logique " quantitative " des équipements technologiques, il convient aujourd’hui d’opposer une logique " qualitative " basée sur de nouveaux usages. Appréhender l’Internet comme une vaste source d’informations n’est désormais plus suffisant. Pour être à même de retirer des bénéfices scolaires, professionnels voire démocratiques, il nous faut passer à une autre étape du développement de l’Internet à l’Ecole. A l’instar du rapport à l’écriture, il devient nécessaire non plus simplement de lire mais aussi d’écrire avec le nouveau média pour être à même de le maîtriser. C’est ce que résume Ben Shneiderman en disant : " Il ne convient plus seulement d’apprendre à nos enfants à surfer sur Internet mais bien de leur apprendre à créer des vagues... ".