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Nouvelles de la vie (11/08)

Le 1er  novembre 2008 par Jean Zin


-  L’origine de la vie dans les volcans ?
-  Le Nobel pour colorer le génome
-  Le développement d’un embryon en vidéo
-  Des nouvelles images des structures du cerveau
-  Des mille-pattes avant l’explosion du Cambrien
-  Un dinosaure à plumes pour faire le beau
-  Poissons des profondeurs
-  Plus d’un mammifère sur cinq est en danger de disparition
-  Sonars militaires contre baleines : un dialogue de sourds


Brèves du mois : physique - climat - biologie - santé - technologies

Revue des sciences 11/08



évolution, génétique, biodiversité, éthologie, anthropologie, neurologie



- L'origine de la vie dans les volcans ?

Une partie des composants de la vie viennent sans doute de l'espace mais les volcans pourraient avoir eu un rôle décisif. C'est du moins ce que semblent prouver d'anciennes expériences non publiées de Stanley Miller qui seraient plus probantes que celles sensées reproduire "la soupe primitive".

Doctorant dans le laboratoire du prix Nobel de chimie Harold Urey à l'Université de Chicago, Stanley Miller voulait tester les théories biochimiques d'Aleksandr Oparine et John Haldane. Selon eux, des composants chimiques présents dans l'atmosphère primitive de la Terre -comme le méthane, le dioxyde de carbone ou l'ammoniac- auraient réagi sous l'action des rayons UV du Soleil ou des éclairs, se cassant pour former des molécules plus grosses tombant ensuite dans les océans. Au sein de cette ‘'soupe primitive'', les molécules organiques auraient permis la formation des premières cellules vivantes.

En 1953, Miller publiait dans Science les résultats de son expérience : il avait obtenu cinq acides aminés, briques de base de la vie, composants des protéines.

C'est presque par hasard qu'on a découvert dans une boîte les fioles contenant les résidus secs de deux autres expériences menées avec un dispositif légèrement différent.

L'une de ces expériences recrée des conditions proches d'une éruption volcanique, avec jets de gaz et éclairs. Grâce aux moyens d'investigation actuelle des laboratoires, Jeffrey Bada, Adam Johnson (Indiana University) et leurs collègues ont découvert 22 acides aminés dans les résidus de cette expérience. Quant aux résidus de l'expérience publiée en 53, ils en contiennent 14, précisent les chercheurs.

Si les scientifiques ne sont plus tout à fait d'accord sur la composition de l'atmosphère primitive telle qu'elle était décrite en 1953, les nuages de gaz qui s'échappent des volcans sont proches de la recette de Miller.

J'en profite pour signaler que Scientific American discute l'hypothèse d'une chimie compétitive à l'origine de la vie, en particulier pour les ARN dont la vitesse d'assemblage détermine les formes qui s'imposent. C'est fort possible au stade prébiotique mais, de toutes façons, la vie ne commence qu'avec l'autoréplication des ARN autocatalytiques et la sélection qui en résulte orientant son évolution par l'extérieur.

- Le Nobel pour colorer le génome

Deux Américains, Roger Tsien et Martin Chalfie, et un Japonais, Osamu Shimomura, sont récompensés par le prix Nobel de chimie 2008 pour la découverte de la protéine fluorescente GFP et la mise au point de son utilisation comme marqueur. Un honneur mérité pour un travail qui a fait progresser à pas de géant notre connaissance du vivant.

- Le développement d'un embryon en vidéo

Grâce à un nouveau scanner à laser, une équipe allemande a pu suivre cellule par cellule les premières 24 heures d'un embryon de poisson, ce qui n'avait jamais été obtenu auparavant. Cette première est une aubaine pour les biologistes qui disposent désormais d'une représentation en 3D, sorte d'embryon numérique, librement consultable.

L'embryon a été suivi durant ses 24 premières heures jusqu'au stade où il comprend environ 20.000 cellules. Malgré la modestie de l'animal et le temps assez court de l'observation, celle-ci a conduit à une quantité d'informations gigantesque. L'ordinateur a dû récupérer 1,5 milliard de « voxels » par minute, un voxel représentant l'unité de volume élémentaire (un pixel en volume donc). Ce sont des téraoctets de données qu'il a ensuite fallu traiter pour reconstituer 24 heures de la formation de l'embryon d'un poisson zèbre.

- Des nouvelles images des structures du cerveau

En rouge, le corps calleux.

Ces images par "Diffusion spectrum imaging", développée par Van Wedeen au Massachusetts General Hospital, sont obtenues par une nouvelle méthode d'analyse des données d'un IRM, offrant aux scientifiques une carte des fibres nerveuses qui transportent l'information entre les neurones.


- Des mille-pattes avant l'explosion du Cambrien

Ces pas dateraient en effet de l'ère précambrienne alors que l'on considère généralement que les animaux complexes, comme les trilobites, ne se sont développés qu'au Cambrien. Auparavant, les mers auraient essentiellement abrité des organismes simples, comme les microbes.

Selon Loren Babcock, de l'Université de l'Ohio, les traces ont vraisemblablement été laissées par un petit animal ressemblant à un ver équipé de pattes, vivant au fond de la mer qui recouvrait le Nevada il y a 570 millions d'années. Ce sont les anciens sédiments marins que les géologues explorent aujourd'hui.

Voir aussi Futura-Sciences.


- Un dinosaure à plumes pour faire le beau

De la taille d'un pigeon, l'Epidexipteryx hui était un petit dinosaure bipède de la famille des théropodes, au corps partiellement couvert de plumes, à l'exception notable des pattes. Ses plumes ne lui servaient donc pas pour voler, analysent Fucheng Zhang (Académie des sciences de Pékin) et ses collègues dans la revue Nature publiée aujourd'hui. En revanche ses quatre longues plumes de queue avaient sûrement une fonction ornementale.

Voir aussi Futura-Sciences. L'esthétique est une conséquence de la sexualité qui fait juger aux apparences et sculpte les corps par le regard de l'autre, ce n'est donc pas d'hier que les mâles font la roue pour attirer les femelles (qui doivent les choisir donc) !

- Poissons des profondeurs

Une expédition scientifique a filmé pour la première fois la faune vivant à « 20 000 sous les mers ». Les poissons y sont plus nombreux et plus vivaces qu'attendu.

Ce sont des Pseudoliparis amblystomopsis, bien vivaces et évoluant en petits groupes sociaux très actifs. Ils se nourrissent essentiellement de petits crustacés ainsi que des détritus et des carcasses se déposant au fond de l'océan. Si certaines espèces de Liparidae vivent près de la surface ou dans des piscines de roches, les poissons filmés ne se trouvent qu'à plus de 6000 mètres de profondeur, au niveau des tranchées océaniques du pacifique.

- Plus d'un mammifère sur cinq est en danger de disparition

La nouvelle mise à jour de la célèbre Liste Rouge, établie par l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), indique clairement un danger pour la biodiversité, en particulier chez les mammifères, dont plus de 20% des espèces sont menacées. L'organisation a commencé à surveiller d'autres espèces animales et révèle un constat alarmant, mais note également que les efforts de réintroduction sont payants.

Voir aussi la dégradation des zones humides à l'est de la Méditerranée.

- Sonars militaires contre baleines : un dialogue de sourds

Les émissions des sonars à basses fréquences utilisées par l'Armée américaine peuvent provoquer la surdité temporaire des mammifères marins, les désorienter et même entraîner leur mort. Les autorités, empêtrées dans un procès, font la sourde oreille...

Pour un mammifère marin tel une baleine ou un dauphin, l'émission d'un sonar du type employé pouvait équivaloir au bruit d'un réacteur situé dans cette même pièce (le tribunal), multiplié par 2000.




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