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Spinoza avait raison

Le 31  juillet 2003 par Rédaction Transversales

Antonio R. Damasio, Ed. Odile Jacob.

Cet ouvrage, d’une lecture attrayante, suit la publication antérieure de A. Damasio, L’erreur de Descartes (Od. Jacob 1995). En rendant un hommage appuyé au philosophe portugais Spinoza (1632-1677), A. Damasio, directeur du département de neurobiologie de l’université de l’Iowa, retrace ses recherches récentes qui ouvrent une méditation importante sur la recherche du bonheur et d’une vie meilleure. Les "émotions primaires" (joie, tristesse, peur, colère, surprise, dégoût) coucourent à la formation des "sentiments". Ainsi, "les sentiments de douleur ou de plaisir forment le soubassement de notre esprit, esprit qui est une seule et même chose que le corps" comme l’écrit Spinoza.

Creusant des pistes ouvertes par Darwin, Freud, le psychologue américain William James et Henri Laborit, notre auteur progresse dans la description des liens organiques qui rattachent les émotions aux sentiments, grâce en particulier aux progrès conjoints des neurosciences et de l’imagerie cérébrale. Il en vient à avancer l’hypothèse étayée que les émotions sont la source principale des comportements éthiques, de l’art, du droit et font ainsi le lit de l’organisation de la société. Grâce à ce que Spinoza nomme le "conatus" (c’est-à-dire en termes biologiques actuels, l’agrégat de dispositions contenues dans les circuits cérébraux qui, dès lors qu’elles sont enclenchées par des conditions internes ou environnementales, recherchent à la fois la survie et le bien-être"), les connaissances nouvelles peuvent changer la donne humaine.