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Les virus facteurs de biodiversité

Le 6  avril 2007 par Jean Zin

Alors que les virus semblaient de simples agents perturbateurs, un parasitage marginal de la vie, ils s’avèrent de plus en plus essentiels puisque non seulement l’ADN viendrait d’un virus mais ils servent aussi d’agent de dissémination des gènes en intégrant l’ADN des cellules qu’ils atteignent, information circulante indispensables de l’évolution, on constate ici qu’ils servent également de régulation des populations, favorisant ainsi la biodiversité.

On peut dire qu’ont été sélectionnés les organismes qui ne ravagent pas leur environnement par une multiplication exponentielle et qui associent à cette boucle de rétroaction positive une boucle de rétroaction négative qui contrôle l’emballement explosif. Les virus, la plupart du temps spécifiques à une espèce, assurent cette régulation de l’extérieur mais c’est un peu comme si ces virus étaient produits par l’espèce qui les propage, utilisant ses propres capacités de reproduction pour éclaircir ses rangs et sélectionner les plus résistants. Le virus ne meurt pas vraiment avec sa victime, il ne fait qu’arrêter de se reproduire puisqu’il n’est pas vivant par lui-même, séquence d’information isolée comme un livre fermé en attente de lecteur. Si on peut dire que le virus tue le vainqueur (Killing the winner) c’est plutôt que l’épidémie décime une population devenue trop nombreuse et trop dominante.

« Le fait qu’une population bactérienne donnée ne puisse, à cause des phages, croître à l’infini lorsqu’elle se trouve dans des conditions favorables, permet en effet la conservation d’une diversité bactérienne maximale en dépit des fluctuations environnementales favorisant tantôt une population, tantôt une autre. Pour Frede Thingstad : "Les virus, qui sont le plus souvent spécifiques de l’espèce, voire de la souche, sont donc les candidats privilégiés pour maintenir cette biodiversité planctonique, qui est longtemps restée une énigme scientifique. parce qu’elle permet d’expliquer la survie de multiples espèces dans des milieux où les ressources sont souvent limités, et qu’elle a été plusieurs fois observée en conditions expérimentales, la théorie "killing the winner’’ est aujourd’hui largement acceptée par les aquavirologistes. » (La Recherche no 407)

Les virus et leur cibles partagent jusqu’à 8% de l’ADN de leur hôte ! Si donc on ajoute à cela que les maladies qu’ils provoquent peuvent avoir aussi des fonctions positives, on ne peut les considérer vraiment comme des agents étrangers. Les auteurs vont malgré tout peut être un peu loin lorsqu’ils en font un véritable deus ex machina, puisqu’ils gratifient les virus de limiter la production de CO2 par les bactéries et même de favoriser la pluie, véritables messagers divins qui apportent la vie avec la mort !