Thématiques > Economie

La Confédération Européenne des Syndicats (CES) et l’agenda pour l’innovation, la recherche et le développement technologique

Le 11  juillet 2005 par Ronald Janssen

Lors de son comité exécutif d’octobre 2004, la CES a discuté et adopté une résolution sur l’agenda européen concernant la R&D et l’innovation. Le message central de cette résolution est que l’Europe doit faire un choix radical pour l’innovation et des environnements de travail hautement productifs si elle veut éviter l’impasse d’une concurrence avec les économies émergentes sur la base des bas salaires, d’une durée importante du travail et de mauvaises conditions de travail. Les messages politiques généraux de la résolution de la CES sont les suivants :

> Le rôle de la recherche fondamentale doit être reconnu. Au nom de la compétitivité industrielle à court terme, une tendance inquiétante s’est développée ces dernières années à centrer les efforts sur des recherches appliquées supposées déboucher presque immédiatement sur des nouveaux produits ou services. Cependant, c’est bien la recherche fondamentale qui rend possible l’innovation.

> La préservation d’une base industrielle en Europe nécessite des efforts de recherche accrus. La menace des délocalisations et de l’exportation des activités industrielles vers les économies à bas salaires ne peut être maîtrisée que par le développement d’une nouvelle base pour la production industrielle. De ce point de vue, l’investissement dans les centres de recherche peut constituer un stimulus intelligent pour attirer plus d’investissement étranger ou industriel. Pour mettre en oeuvre pratiquement cette stratégie, une réforme du Pacte de stabilité et de croissante est urgente de façon à ce que l’investissement dans la recherche-développement puisse être exclue des statistiques de déficit public. La CES demande également la création d’un fonds pour la recherche fondamentale financée par des contributions des entreprises.

> Utiliser l’atout européen de l’action en commun. Les efforts de R&D sont devenus complexes et coûteux. Les pays européens ne plus se permettre de mener des politiques de recherche et développement conçues isolément. Un niveau accru de coordination et coopération européennes est nécessaire. En conséquence, la Ces apporte son plein soutien à des initiatives comme la création de L’Espace Européen de la Recherche et l’European Research Council.

> Les chercheurs doivent être attirés de façon intelligente. Si l’Europe veut retenir ses chercheurs, elle doit faire face au défi de l’attraction qu’exercent les Etats-Unis sur les chercheurs étrangers du monde entier. Ceci implique l’élimination des conditions de travail précaires et de l’instabilité des financements pour les personnels de recherche européens. Cela suppose également d’effectuer un investissement massif dans l’amélioration du contexte dans lequel s’effectuent les recherches. Les études conduites par la Commission ont en effet montré que les chercheurs européens étaient attirés par les Etats-Unis non pas tant en raison des hauts niveaux de salaires mais plutôt du fait de l’existence de riches réseaux de chercheurs.

> Prêter l’attention nécessaire aux inquiétudes et attentes sociétales et impliquer les partenaires sociaux. Enfin, on doit réaliser que les activités de recherche ne se déroulent pas dans le vide. Pour que la recherche ait un sens, elle doit prendre en compte les besoins et les inquiétudes sociales et économiques. De ce point de vue, la CES souligne le rôle essentiel que le dialogue entre partenaires sociaux peut jouer pour faire progresser l’agenda de la recherche et de l’innovation.