Les technologies émergentes en 2007

21  avril 2007 | par Jean Zin

Les technologies émergentes 2007

Technology Review a fait le point sur 10 technologies émergentes en 2007. Rien de très inattendu, ni de très excitant, ce sont juste les tendances du moment. On nous promet ainsi :

-  l’analyse unicellulaire, permettant de cibler les cellules malades et pas les autres, par exemples seules les cellules cancéreuses sans toucher aux celules saines.

«  Nous savons tous que se concentrer sur les caractéristiques d’un groupe peut occulter les différences entre les individus qui le composent. Pourtant, en ce qui concerne les analyses biologiques, les scientifiques recueillent des informations sur le comportement, le statut et la santé de l’activité collective de milliers ou même de millions de cellules. Une discrimination plus précise des différences entre cellules a pu mener à l’amélioration des traitements pour le cancer et le diabète, en ciblant uniquement les cellules malades. »

-  la nanocicatrisation (qui consiste en des microfibres de peptides qui s’assemblent pour stopper une hémorragie),

-  le contrôle de cellules neuronales pour des applications médicales très ciblées en psychiatrie, activant par exemple des neurones par un simple rayon lumineux !

-  La révolution de l’invisible : certains “métamatériaux”, ou matériaux composites dont les structures sont déterminées avec précision, présentent des caractéristiques inexistantes dans la nature comme celle de détourner les ondes lumineuses et donc de rendre des objets “invisibles” à des capteurs.

-  Les nanochargeurs solaires : les cellules photovoltaïques utilisent des semi-conducteurs pour convertir l’énergie lumineuse en courant électrique, une technologie coûteuse et peu efficiente. Des chimistes pensent que des semi-conducteurs de cristal de quelques nanomètres de large pourraient diminuer le prix de revient de l’énergie solaire et la rendre aussi compétitive que les combustibles fossiles.

-  La nanotechnologie pour les antennes optiques : des antennes optiques qui concentrent la lumière à un niveau nanométrique pourraient permettre de démultiplier la capacité de stockage des supports optiques existants.

-  Les moniteurs médicaux personnalisés : Pour John Guttag du MIT, l’idée est d’utiliser des ordinateurs pour automatiser l’interprétation de certaines données médicales complexes comme les ondes cérébrales ou les électrocardiogrammes.

-  La réalité augmentée : Pour les applications mobiles, la technologie est déjà là, explique Steven Feiner, directeur du Laboratoire Computer Graphics and User Interfaces de l’université de Columbia en faisant référence aux derniers travaux de Nokia ou à ceux de Total Immersion.

-  L’image numérique réinventée : Richard Baraniuk et Kevin Kelly, de la Rice University, pensent que grâce à de nouveaux composants logiciels et matériels, nos appareils photos deviendront plus petits et plus rapides, tout en consommant moins d’énergie et en prenant des photos en très haute résolution. Comment ? Au lieu de faire enregistrer la lumière par des millions de capteurs, puis de compresser les données, leur appareil s’appuie sur un capteur unique, qui capture un petit pourcentage de l’information transmise par l’objectif, juste assez pour permettre à un logiciel de reconstruire l’image à une très haute résolution - un peu comme une grille de sudoku. Cette technique baptisée “Sensation Compressée” (Compressed Sensing) pourrait révolutionner l’imagerie médicale d’ici 2 ans avant d’envahir, d’ici 5 ans, nos gadgets électroniques et permettre aux téléphones mobiles de produire des images de haute qualité de la taille d’un poster.

-  La distribution vidéo en P2P : à l’heure où, selon CacheLogic, la vidéo sur l’internet représenterait 60 % du trafic total (en octets) - et pourrait, selon le chercheur et entrepreneur Hui Zhang, monter à 98 % d’ici deux ans -, la distribution vidéo en P2P pourrait devenir l’application qui permettrait de résoudre bien des problèmes de charge sur le réseau.

On peut trouver que c’est un peu décevant et focalisé sur des détails...

Soldats “améliorés” et surhumains

Les technologies émergentes mais du côté de l’armée maintenant (on sait que beaucoup de technologies ont été d’abord militaires...) :


-  un encéphalogramme pour analyser le cerveau afin d’accroître la capacité de réaction des soldats, avant même qu’ils ne soient confrontés à l’image satellite de la cible qu’ils doivent toucher ;

-  des technologies de “cognition augmentée” permettant aux futurs pilotes d’avion de contrôler, à distance, une escadrille d’engins robotisés ;

-  des bactéries visant à améliorer la digestion, afin de profiter à plein des nutriments ingérés ;

-  des oestrogènes permettant de survivre lorsque l’on a perdu 60% de son sang ;

-  un dispositif visant à réguler la température du corps afin de survivre aux conditions climatiques extrêmes, mais aussi d’améliorer le fonctionnement des muscles : l’un des chercheurs impliqués, qui pouvait effectuer jusqu’à 100 tractions d’affilée, a ainsi pu passer, en quatre mois, à 1000 tractions... le jour de ses 60 ans.

Que sera notre futur biopolitique ?

Richard Hayes, directeur du Centre sur la génétique et la société, basé à Oakland, Californie, dresse quatre “scénarios plausibles” de notre “futur biopolitique” dans le dernier n° du magazine World Watch :

-  Triomphe du transhumanisme libertarien (”libres marchés, libre choix, libres corps“)

-  Une famille, un futur (les religieux dominent le monde, la naturopathie supplante les biotechechnologies)

-  La course aux armements techno-eugéniste (seuls les Chinois génétiquement sains peuvent procréer, l’armée s’empare de la recherche, des terroristes créent un virus menaçant l’humanité)

-  Pour le bien commun (les Nations Unies adoptent une convention sur la biomédecine et les droits de l’homme en... 2020).

Caricaturaux s’il en est, et, de l’aveu même de son auteur, largement inspirés des forces politiques en présence aux Etats-Unis, ces scénarios n’en constitueraient pas moins une synthèse de la littérature (romanesque ou non) consacrée au sujet, du “Meilleur des mondes” d’Aldous Huxley au “Siècle biotech : le commerce des gènes dans le meilleur des mondes” de Jeremy Rifkin en passant par “La Fin de l’homme : Les Conséquences de la révolution biotechnique” de Francis Fukuyama ou encore les travaux de la Rand Corporation durant la seconde guerre mondiale.

En 2002, Hayes en appelait à “un nouveau mouvement social permettant d’affirmer l’intégrité de l’espèce humaine, et de s’opposer au nouvel eugénisme technologique et à l’idéologie post-humaine. Ce mouvement devra être de la même intensité, de la même étendue et de la même échelle que les grands mouvements du siècle dernier qui ont combattu pour les travailleurs, contre le colonialisme, pour les droits civiques, pour la paix et la justice, pour l’égalité des femmes, et pour la protection de l’environnement“.