Culture de la gratuité : accepter de perdre un peu pour gagner beaucoup

30  novembre 2003 | par Ariel Kyrou

L’accès aux médicaments génériques, moins chers et tout aussi efficaces, dans les pays dévastés par le Sida. La découverte des sciences, de la littérature ou de la musique sans devoir TOUT acheter au prix fort. Le maintien des bibliothèques et des discothèques publiques, qu’elles soient faites de béton matériel ou d’ondes immatérielles. La lecture pour toutes les poches. Le choix de dire non à Microsoft et oui à Linux. Les échanges de savoir. Le rêve d’une société de création sans police virtuelle sur chaque CD ou dans chaque disque dur.

Autant d’utopies concrètes, traçant un autre monde ici et maintenant. Autant de façons de reprendre notre destin des mains de pouvoirs qui veulent notre bien au son de tiroirs-caisses désormais numériques. Autant d’enjeux majeurs, pour nous et nos gamins, et qui pourtant se cachent sous une ribambelle de mots maladroits, entre batailles de propriété intellectuelle et querelles pour ou contre les brevets, gratuité de musiques dansant le "peer to peer" et belle ardoise de labos exigeant les mêmes fortunes à tous les malades, riches ou pauvres.

Culture de la gratuité ? Économie de la gratuité ? Écologie de la gratuité ? Est-ce vraiment de gratuité qu’il s’agit dans ce dossier ? Allez donc parler de gratuité au programmeur qui passe des nuits sur son logiciel libre ou au malade africain qui se meurt faute d’une juste médecine... Le premier bosse sans compter. Le second paye sa note cash.

La gratuité dont nous parlons est l’alchimie d’une "autre" richesse, d’une monnaie qui tente d’échapper à la tyrannie de l’économie : ne pas exiger d’argent pour mieux s’enrichir d’émotions ou de connaissances, de pratiques ou de matières à créations nouvelles. Accepter de perdre un peu pour gagner beaucoup. Et surtout autrement.

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