Nouvelles de la santé (03/09)

1er  mars 2009 | par Jean Zin


-  Grippe, vers un traitement universel ?
-  Pollution et mortalité : un lien prouvé à l’échelle de la France entière
-  Trop de travail nuit à la santé
-  Auto-médication contre l’obésité
-  Cancer du poumon : la pauvreté et pas seulement le tabac
-  Effets cancérigènes de l’alcool, de la viande et des béta-carotènes
-  Confirmation de l’effet anticancérigène de la vitamine C
-  Un test urinaire pourrait suffire à repérer un cancer de la prostate


Brèves du mois : physique - climat - biologie - santé - technologies

Revue des sciences 03/09



génétique, traitements, nutrition, hygiène



- Grippe, vers un traitement universel ?

Si cela se vérifie, c'est incontestablement une grande nouvelle qui pourrait éradicer la grippe mais il faudrait s'inquiéter des conséquences tant les virus font partie de notre génome peut-on dire, en tout cas de notre co-évolution. Ainsi, on pense que les virus nous nettoient de certaines cellules cancéreuses et on sait que l'hygiénisme déséquilibrant le système immunitaire est responsable de nombreuses maladies auto-immunes...

Des chercheurs ont isolé des protéines, recrées en laboratoires, capables de neutraliser plusieurs souches différentes de grippe saisonnière ainsi que les virus pouvant provoquer des pandémies comme celui de la grippe aviaire.

Ces protéines sont en fait des anticorps dits monoclonaux car ils dérivent d'une même lignée cellulaire. Ils agissent, et c'est une découverte aussi, en empêchant le virus de changer de forme, sans cette métamorphose celui-ci ne peut pénétrer dans les cellules. Pour ce faire, ces anticorps se lient à une protéine qui se trouve à la surface du virus de la grippe appelée hémagglutinine (HA). Or l'HA a une structure génétique relativement stable d'une souche à l'autre ce qui rend ces anticorps efficaces contre plusieurs souches.

Voir aussi Futura-Sciences.

- Pollution et mortalité : un lien prouvé à l'échelle de la France entière

Les auteurs se sont intéressés à trois indicateurs de pollution : le dioxyde d'azote (NO2), le dioxyde de soufre (SO2) et l'ozone (O3). Leurs niveaux respectifs ont été régulièrement relevés entre 2000 et 2004. Les résultats ont ensuite été comparés aux registres de mortalité de neuf villes : Bordeaux, Le Havre, Lille, Lyon, Marseille, Paris, Rouen, Strasbourg et Toulouse.

Il en ressort que plus les taux de pollution sont élevés, plus les risques d'hospitalisation et de mortalité « à court terme » sont importants. « Le risque de décès toutes causes ou pour causes cardiovasculaire et cardiaque est significativement associé à l'ensemble des indicateurs de pollution étudiés ».

- Trop de travail nuit à la santé

Une étude publiée par l'American Journal of Epidemiology indique que ceux qui travaillent plus de 55 heures par semaine ont de moins bonnes facultés mentales que ceux qui travaillent huit heures par jour.

Les auteurs d'études associent ce résultat aux problèmes de sommeil, de dépression et aux risques de maladies cardiovasculaires dont souffrent ceux qui travaillent de longues heures.

- Auto-médication contre l'obésité

Alli n'est pas un médicament nouveau : c'est en quelque sorte un demi-cachet de Xenical (orlistat), un médicament contre l'obésité vendu uniquement sur ordonnance. GSK a passé un accord laboratoire suisse Roche pour en faire une version dosée à 60 mg au lieu de 120 mg pour le Xenical. Il s'agit d'un inhibiteur des lipases gastriques qui réduit l'assimilation des graisses ingérées lors d'un repas. Il est destiné aux personnes obèses (12,4% de la population française) ou en surpoids (29%).

Il ne s'agit en aucun cas d'une aide pour affiner sa silhouette avant l'été, encore moins d'une pilule miracle : la prise de l'orlistat doit obligatoirement être accompagnée d'un régime hypocalorique, pauvre en graisses, et d'exercice physique pour aider à la perte de poids.

Pour Rue89, c'est surtout une pilule qui vous punit quand vous mangez de la graisse en vous donnant la diarrhée ! Cela n'empêche pas qu'il est aussi dangereux d'être obèse que de fumer.

- Cancer du poumon : la pauvreté et pas seulement le tabac

L'incidence du cancer du poumon est généralement plus fréquente au sein des classes sociales défavorisées. La consommation plus élevée de tabac de ces populations ne permet pas d'expliquer une telle différence.

Le cancer du poumon représente la 1ère cause de mortalité en Europe chez les hommes et la troisième chez les femmes. Il existe une association forte entre le risque de survenue d'un cancer du poumon et le niveau d'éducation, avec les taux les plus forts généralement observés au sein des classes sociales défavorisée.

Après avoir pris en compte la consommation de tabac dans chaque classe sociale, l'excès de risque des classes sociales défavorisées reste significatif (2,3 pour les hommes et 1,6 pour les femmes). Les chercheurs concluent que les différents niveaux de consommation de tabac permettent d'expliquer un peu plus de la moitié des cancers supplémentaires mais certainement pas leur totalité.

- Effets cancérigènes de l'alcool, de la viande et des béta-carotènes

L'Institut national du cancer et la direction générale de la santé viennent de publier une brochure stigmatisant certaines pratiques nutritionnelles favorisant l'apparition de cancers. L'alcool y tient une place de choix.

La brochure indique aujourd'hui : « l'augmentation de risque est significative dès une consommation moyenne d'un verre par jour. » Elle conclut par cette recommandation : « la consommation d'alcool est déconseillée, quel que soit le type de boisson alcoolisée (vin, bière, spiritueux, etc.). » Il est désormais bien loin le temps où le corps médical tolérait (voire recommandait...) « trois verres de vin par jour pour les hommes, deux pour les femmes ».

L'étude date en fait de 2007 et ne s'intéresse qu'au cancer sans prendre en compte les bienfaits sur d'autres plans qui peuvent être supérieurs dans certains cas même si on ne peut nier les ravages de l'alcool. Il y a des études qui montrent le contraire et ce type de conclusion est absurde au regard du célèbre French paradox, mais c'est comme pour les anti-oxydants, on ne peut généraliser : il faut distinguer au moins entre jeunes et vieux. Il semble effectivement que des petites quantités d'alcool mais surtout de vin sont très bénéfiques lorsqu'on prend de l'âge. Le resvératrol contenu dans le vin est même le seul véritable traitement anti-âge à l'heure actuelle. Il est vrai que, disponible en pharmacie, il n'y a plus besoin de boire du vin... Pour le béta-carotène, c'est plus nouveau.

Apprécié dans certains aliments (surtout comme colorants...) et souvent utilisé comme facteur de bronzage, le bêta-carotène n'est pas aussi inoffensif qu'on pourrait - ou voudrait - nous le faire croire. Ses propriétés antioxydantes sont bien réelles et son utilisation comme complément alimentaire est souvent recommandée. On le trouve dans de nombreux végétaux, comme les poivrons, les carottes, l'épinard, la laitue, la tomate, la patate douce, le brocoli, le cantaloup (un melon), la courge et l'abricot. Mais son utilisation n'est pas sans risque, selon l'INCA, qui dénonce leur absorption totalement inutile comme complément alimentaire puisqu'une alimentation équilibrée suffit amplement à pourvoir au besoin. Par contre, une utilisation à forte dose (20 à 30 mg/jour) non seulement ne présente aucun effet protecteur contre le risque de cancer, mais encore, augmente significativement le risque de cancer du poumon en potentialisant les effets du tabac chez les fumeurs.

La consommation de viande reste autorisée, voire conseillée (le manque de fer, dont la viande est riche, est la carence la plus fréquente), mais moyennant certaines précautions. Ainsi, l'INCA fixe une limite recommandée à 500 grammes de viande rouge par semaine, mais demande de compléter l'apport de protéines avec une alternance de viandes blanches, de poissons, de légumineuse et d'œufs. En revanche, les charcuteries, en particulier grasses ou très salées, sont à proscrire autant que possible.

Le rapport de l'INCA précise que le risque de cancer colorectal est accru de 29% par tranche de 100 grammes/jour, et de 21% pour 50 grammes supplémentaires de charcuteries quotidiennes.

- Confirmation de l'effet anticancérigène de la vitamine C

Bien qu'il prenait de fortes doses de vitamines C, Linus Pauling est mort d'un cancer... mais à plus de 90 ans !

L'idée que l'acide ascorbique puisse avoir des vertus anticancéreuses n'est pas nouvelle. En son temps, Linus Pauling (le « papa » de la vitamine C, prix Nobel de Chimie 1945) avait suggéré un tel rôle pour des doses élevées supérieures à 2 grammes par jour. Pourtant les études menées depuis aussi bien chez l'animal que chez l'homme ont donné des résultats contradictoires.

« Nous apportons aujourd'hui la preuve des propriétés anti-prolifératives et donc anticancéreuses de l'acide ascorbique » explique Michel Fontès directeur du laboratoire Thérapie des Maladies Génétiques de l'Université de la Méditerranée à Marseille. Son équipe a en effet pu démontrer que l'acide ascorbique avait une action inhibitrice sur les gènes impliqués dans la prolifération cellulaire.

Un premier essai sur des souris porteuses de tumeur a montré, sur un modèle animal de cancer, qu'un traitement par injection augmentait fortement la survie des souris, réduisait la croissance de la tumeur et inhibait la formation de métastases. "Les cellules cancéreuses semblent avoir une appétence particulière pour la vitamine C qui provoque leur destruction. Les meilleurs résultats ont été obtenus chez les souris qui avaient reçu les plus fortes doses".

- Un test urinaire pourrait suffire à repérer un cancer de la prostate

En fait, le cancer à la prostate étant d'évolution lente, des médecins prétendent qu'il ne sert à rien de le dépister (surtout si le traitement est la réduction de la testostérone), mais quand même, la "sarcosine" manifestation d'un cancer qui nous ronge...

La présence d'un acide aminé, la sarcosine, témoignerait de la présence d'une tumeur de la prostate. Cette découverte ouvre l'espoir d'un dépistage facile et rapide, après une simple analyse d'urine. En outre, le rôle de cet acide aminé dans le déclenchement ou l'évolution de la tumeur pourrait mener à de nouvelles voies thérapeutiques.




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