Nouvelles de la santé (01/09)

1er  janvier 2009 | par Jean Zin


-  La reprogrammation cellulaire
-  Philips iPill : la pilule électronique
-  Un vaccin contre le paludisme efficace à 65%
-  Un traitement complémentaire pour le SIDA
-  Détecter le cancer magnétiquement
-  Affamer les cellules cancéreuses
-  Le brocoli contre le cancer
-  Les plats industriels favorisent le cancer du poumon
-  L’herbicide Roundup serait toxique
-  Une piste contre l’obésité
-  Un lien génétique entre mélatonine et diabète
-  Antidiabétiques et fractures
-  Un os artificiel injectable
-  Les sommeils agités pourraient être les premiers signes de neuro-dégénérescence
-  La Ritaline booste la productivité !
-  Des nanotubes pour réparer le cerveau ?


Brèves du mois : physique - climat - biologie - santé - technologies

Revue des sciences 01/09



génétique, traitements, nutrition, hygiène



- La reprogrammation cellulaire

Comme chaque année, la revue Science, éditée par l'Association américaine pour l'avancée de la science (AAAS), a publié son palmarès des dix travaux scientifiques les plus importants de l'année. En tête de liste, la reprogrammation cellulaire est honorée du titre de « Découverte de l'année ».

Deux équipes ont prélevé des cellules de patients souffrant de diverses maladies comme le diabète ou la maladie de Parkinson et les ont reprogrammées en cellules souches. Ces cellules capables de se reproduire indéfiniment constituent un précieux « matériel » de recherche. Grâce à des techniques de cultures élaborées, les chercheurs ont même pu faire en sorte qu'elles se transforment en différents types cellulaires, dont ceux qui sont les plus affectés dans les maladies des patients à l'origine du don de ces cellules.

Disposer ainsi de lignées de cellules malades individualisées permet bien sûr d'étudier à un niveau jamais atteint certaines pathologies pour lesquelles les modèles animaux sont insuffisants.

Les biologistes ont réussi à transformer, in vivo chez des souris diabétiques, des cellules de pancréas dites exocrines en cellules bêta, productrices d'insuline. Insuffisamment toutefois pour guérir les rongeurs malades. Mais cette avancée ouvre un nouveau champ thérapeutique pour les maladies dégénératives.

- Philips iPill : la pilule électronique

Cette pilule électronique de la taille d'une pilule ordinaire est actuellement en test pour contrôler par WiFi la délivrance d'une substance dans le corps avant d'être évacuée du corps au bout de 2 jours. Elle contient, en plus du médicament lui-même, un microprocesseur, une mesure d'acidité, un thermomètre, une pompe, le contrôleur WiFi et une petite batterie !

- Un vaccin contre le paludisme efficace à 65%

Un vaccin expérimental a révélé une efficacité incontestable contre le paludisme, et entamera en 2009 la dernière phase d'essais avant la demande d'homologation.

Nommé RTS,S, ce vaccin mis au point par le laboratoire britannique GlaxoSmithKline (GSK), d'abord testé sur des volontaires aux Etats-Unis, a ensuite été administré à titre expérimental à diverses populations africaines.

Le RTS,S s'est révélé capable de réduire de 65% le nombre d'infections par paludisme, et aucune interaction fâcheuse n'a été constatée

- Un traitement complémentaire pour le SIDA

Des chercheurs ont réussi à renforcer le système immunitaire de singes macaques infectés par le virus de l'immunodéficience simienne (SIV) grâce à une nouvelle voie thérapeutique. Les chercheurs ont utilisé des anticorps pour bloquer l'action d'une protéine et relancer la production de lymphocytes T, des agents du système immunitaire qui luttent contre le virus.

La protéine PD-1 (pour l'anglais ‘programmed death', mort programmée) freine les réactions immunitaires lors d'infections de longue durée comme l'hépatite C ou le VIH. En bloquant les récepteurs de cette protéine avec un anticorps, les chercheurs espéraient relancer la réponse immunitaire des singes infectés par le SIV -le pendant du VIH pour les singes.


- Détecter le cancer magnétiquement

Ce prototype de scanner (en haut) détecte des protéines, spécifiques de certains cancers et présentes à de faibles concentrations dans le sang, grâce à des capteurs magnétiques et le marquage de nanoparticules magnétiques. Le cœur du scanner est une puce de silicium avec des capteurs magnétiques appelés spin valves (ci-dessous).

- Affamer les cellules cancéreuses

C'est la même piste que le DCA, réduire l'acide lactique pour étouffer les cellules cancéreuses hypoxyques.

La première découverte des chercheurs de l'UCL, en collaboration avec l'équipe du Pr Mark W. Dewhirst de l'Université de Duke, en Caroline du Nord, a été d'identifier un processus de recyclage de l'acide lactique par les cellules oxygénées, métabolisant celui-ci en produisant de l'énergie. Les scientifiques ont démontré que lorsque les cellules tumorales ont le choix entre le glucose et l'acide lactique, elles choisissent systématiquement l'acide lactique, laissant ainsi le glucose inutilisé à la disposition des cellules hypoxiques.

Poussant ses investigations plus loin, l'équipe a ensuite identifié le mécanisme qui permet de métaboliser l'acide lactique. Cette fonction est rendue possible grâce à un transporteur de lactate baptisé MCT1 (monocarboxylate transporter). Ce mécanisme de recyclage énergétique, jusque-là inconnu, donne une nouvelle vision du fonctionnement de nombreux types de tumeurs, qui ne survivent qu'en entretenant un équilibre permanent permettant leur alimentation et leur croissance, basée sur le recyclage de leurs propres déchets.

Cette découverte ouvre de nouveaux horizons et permet potentiellement de cibler directement les cellules hypoxiques en interrompant leur approvisionnement en glucose. Les chercheurs de l'UCL et de Duke ont déjà franchi le pas en mettant au point un inhibiteur spécifique de MCT1, l'alpha-cyano-4-hydroxycinnamate (CHC), qui a déjà démontré ses capacités sur des souris.

Selon Pierre Sonveaux, la découverte de cette cible thérapeutique laisse penser que cette nouvelle approche serait applicable à un large panel de cancers chez l'homme, depuis les poumons à l'ensemble de la sphère ORL (tête, cou, larynx, pharynx, tube digestif), en passant par le système nerveux central, le cerveau, les seins, etc.

- Le brocoli contre le cancer

On savait que les brocolis protègent du cancer, entre autre du cancer du sein, on vient d'en découvrir le mécanisme : les isothiocyanates et notamment le sulforaphane, ou SFN, agiraient comme le taxol ou le vincristine en inhibant la division des cellules pendant la mitose. Ce n'est peut-être pas une propriété positive pour ceux qui n'ont pas de cancer ?

- Les plats industriels favorisent le cancer du poumon

Les additifs alimentaires phosphatés, couramment utilisés dans les plats préparés industriels, accélèrent la croissance de tumeurs cancéreuses du poumon chez les souris, selon une étude publiée lundi dans l'American Journal of Respiratory and Critical Care Medicine.

L'étude suggère que les additifs phosphatés, qui augmentent la rétention d'eau et améliorent la texture des aliments, favorisent aussi le développement du cancer du poumon chez les humains qui présentent une prédisposition à cette maladie.

Les signaux génétiques stimulés par les phosphates sont associés à 90% des cancers du poumon de la forme la plus répandue, dite "non à petites cellules", qui représente 75% de l'ensemble des cancers du poumon.

Une consommation importante de phosphates pourrait aussi être un facteur déterminant dans le vieillissement des cellules.

Or, l'utilisation d'additifs phosphatés dans l'alimentation a régulièrement augmenté ces dernières années, et l'on en trouve dans la viande, les fromages, les boissons ou les plats cuisinés industriels.

- L'herbicide Roundup serait toxique

Une nouvelle étude met en évidence les effets toxiques sur les cellules humaines du Roundup, l'un des herbicides les plus utilisés au monde, y compris sur les OGM alimentaires.

Les résultats ont montré que ces formulations agissent à des doses infinitésimales (dilution jusqu'à 100.000 fois ou plus) et programment la mort de cellules (c'est l'apoptose). Elles causent aussi des dommages des membranes et de l'ADN, et empêchent la respiration cellulaire.

Autre résultat, le mélange de différents constituants adjuvants des Roundup augmente l'action du principe actif de l'herbicide, le glyphosate, et qu'un de ses produits de transformation peut s'avérer encore plus toxique.


- Une piste contre l'obésité

C'est encore et toujours le fameux nématode commun (Caenorhabditis elegans) qui pourrait donner une piste dans la lutte contre l'obésité à partir de l'observation d'une mutation génétique qui les empêche d'hiberner et de stocker leur graisse.

La triglycéride lipase est une enzyme lipolytique qui exerce son activité à la fois sur les lipoprotéines riches en triglycérides et sur les HDL. Elle libère les acides gras du glycérol, permettant leur passage dans la circulation sanguine. Dans les organismes mutants, en l'absence de l'enzyme qui la bloque, son fonctionnement n'est plus inhibé et la réserve de graisse constituée est brûlée en moins d'une semaine au lieu de six mois.

Par ailleurs, il semblerait que l'obésité puisse perturber la thyroïde qui du coup augmenterait l'obésité dans un cercle vicieux...

- Un lien génétique entre mélatonine et diabète

Cela pourrait expliquer les bienfaits de la prise de mélatonine par ceux qui seraient pré-diabétiques alors que cela ne ferait rien aux autres ?

Tois études indépendantes publiées aujourd'hui dans Nature Genetics établissent une connexion entre l'horloge biologique et le risque de diabète de type 2. Des variations sur un gène lié à la mélatonine, l'hormone qui régule le sommeil, augmentent le taux de sucres dans le sang et par là même le risque de diabète, expliquent les chercheurs.

D'après les travaux de l'équipe de Leif Groop, les personnes atteintes de diabète de type 2 et les personnes non-diabétiques porteuses des variantes du gène MTNR1B ont en commun une expression très forte du gène dans les cellules du pancréas qui fabriquent l'insuline. Or ces chercheurs ont également observé que la mélatonine bloquait la production d'insuline par ces cellules. Ils suggèrent donc que le diabète de type 2 pourrait être traité en empêchant la mélatonine de se lier aux récepteurs MT2.

Voir aussi Futura-Sciences.

- Antidiabétiques et fractures

Les thiazolidinediones (TZD) sont des antidiabétiques oraux utilisés dans le traitement du diabète de type 2. Parmi les spécialités en vente en France, l'actos et l'avandia sont les plus prescrits. Ces médicaments permettent de diminuer le taux de sucre dans le sang en réduisant la résistance à l'insuline au niveau des tissus adipeux, des muscles squelettiques et du foie.

Une étude Canadienne parue sur le site Web du Journal de l'Association canadienne de médecine met en garde les utilisatrices de TZD contre un risque accru de fracture osseuse.

Depuis quelques années ces médicaments sont déjà employés avec précaution par les diabétologues en raison des probables complications cardiaques qu'ils déclencheraient.

- Un os artificiel injectable

Une équipe britannique vient de recevoir un prix pour une innovation originale : de la pâte injectable capable de se transformer en tissu osseux. Utilisable pour réparer rapidement une fracture sévère, elle consolide l'os lésé puis se dégrade progressivement.

Sa structure est alors poreuse, ce qui constitue un gros avantage. Les cellules du tissu osseux en train de se former pourront s'insinuer à l'intérieur. Elles poursuivront leur multiplication tandis que l'os artificiel se dégradera peu à peu, en trois ou quatre mois. L'os naturel prendra ainsi progressivement la place du vrai.


- Les sommeils agités pourraient être les premiers signes de neuro-dégénérescence

Cette étude prouve que les patients souffrant de troubles du comportement en sommeil paradoxal ont 17.7% de probabilités de développer une maladie neurodégénérative 5 ans après leur diagnostic, 40.6% après 10 ans, et 52.4% après 12 ans. « Ces résultats établissent clairement un lien, et indiquent que ces troubles du sommeil pourraient être un symptôme prédictif des maladies neurodégénératives ».

Le trouble du comportement en sommeil paradoxal (TCSP) fait partie des troubles du sommeil, plus précisément des parasomnies, tout comme les cauchemars ou les paralysies du sommeil. Il se produit durant la phase de sommeil paradoxal (au cours du quel ont lieu les rêves) et se caractérise par des mouvements brusques, un état d'agitation ou des cris. Alors que durant le sommeil paradoxal le corps est normalement incapable de bouger en raison de l'atonie musculaire. Le TCSP, peu fréquent, se développe principalement chez les hommes après la cinquantaine.

- La Ritaline booste la productivité

5 à 15 % des étudiants et jusqu'à 20% des travailleurs diplomés utilisent Ritaline ou Adderall pour augmenter leurs performances. Un groupe de scientifique défend cet usage dans Nature en arguant que les bénéfices sociaux peuvent en être significatifs, contrairement au sport où le dopage fausse la compétition, et que leur usage, assimilé aux nouvelles technologies, ne se distingue pas vraiment de celui du café. Ceci dit on avait vu que si ces drogues amélioraient la mémorisation, elles réduisent d'autant la créativité...


- Des nanotubes pour réparer le cerveau ?

Les nanotubes en carbone pourraient être la solution idéale pour réparer des connexions cérébrales défectueuses.

L'étude montre que les nanotubes en carbone, qui, comme les neurones, sont de très bons conducteurs, entrent en contact avec les membranes cellulaires neuronales. A la différence des électrodes métalliques actuellement utilisées dans la recherche et les applications cliniques, les nanotubes peuvent créer des raccourcis entre le distal et les compartiments proches du neurone, générant une excitation neuronale.

Les nanotubes pourraient être utilisés comme une nouvelle composante des bypass électriques employés lors de lésions au système nerveux. Des nano-électrodes en carbone pourraient aussi remplacer les pièces métalliques utilisées dans les applications cliniques telles que la stimulation cérébrale profonde pour le traitement de la maladie de Parkinson ou des dépressions graves. Le potentiel de cette nouvelle génération de matériaux «intelligents» ira de pair avec celui des neuroprothèses.

Cette nouvelle technologie à base de nanotubes de carbone alliée aux simulations cerveau-machine est la clé du développement de tous types de neuroprothèses: la vue, l'ouïe, l'odorat, le mouvement, l'arrêt des crises d'épilepsie, les bypass au niveau de la colonne vertébrale, ainsi que la réparation et même l'amélioration des fonctions cognitives.




Brèves du mois : physique - climat - biologie - santé - technologies

Revue des sciences 01/09


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