Nouvelles du climat (03/09)

1er  mars 2009 | par Jean Zin


-  L’Australie, première nation victime du changement climatique ?
-  La Niña faiblit, retour des grandes chaleurs ?
-  Les conséquences seraient très sous-estimées
-  Les forêts tropicales absorbent davantage de CO2 qu’on ne le croyait

-  L’océan était peut-être plus haut de 21 mètres il y a 400.000 ans !
-  L’effet de la tectonique des plaques sur le climat
-  MARGO : Améliorer la fiabilité des modèles climatique

-  Un jeu gratuit, Clim’City


Brèves du mois : physique - climat - biologie - santé - technologies

Revue des sciences 03/09



Climat, écologie, énergies



- L'Australie, première nation victime du changement climatique ?

La vague de chaleur sans précédent qui frappe le sud de l'Australie manifeste-t-elle les prémices d'une évolution climatique rendant à terme la situation intenable sur ce continent qui est déjà l'une des régions les plus sèches du monde ? Une étude scientifique qualifie l'écosystème australien de « potentiellement le plus fragile » face à cette menace.

Des feuilles qui tombent des arbres en plein été, des voies ferrées tordues par la chaleur, des habitants se réfugiant dans leur lit avec des thermos remplies d'eau glacée, voilà le spectacle qu'offrait l'Australie durant ces derniers jours où elle subit la pire canicule que le pays ait connue.

Le froid relatif ici et la canicule là-bas pourraient être reliées à La Niña ?

- La Niña faiblit, retour des grandes chaleurs ?

Le phénomène climatique La Niña et son pendant El Niño s'inscrivent dans un vaste ensemble de mouvements atmosphériques et hydrologiques qui intéressent l'ensemble du globe terrestre. En partie responsable de la vague de froid actuelle sur l'Europe, il est en train de faiblir.

« Comme les paramètres de La Niña sont en train de faiblir, les prévisions les plus probables sont neutres pour la période mars-mai », précise l'OMM dans un communiqué, ajoutant que ceux-ci devraient atteindre un point d'équilibre de mars à mai 2009, ce qui rend les prévisions futures très incertaines.

Il fera sans doute de nouveau bien trop chaud, en espérant que cela fasse taire les négationnistes qui n'y connaissent rien (mais pas les très rares sientifiques dissidents dont on a besoin pour éprouver les hypothèses).

- Les conséquences seraient très sous-estimées

Il faut bien dire que la partie semble perdue d'avance même si on inversait la tendance. D'où les tentatives désespérées de voiler le ciel...

Plusieurs conséquences du réchauffement climatique en cours s'avèrent bien plus critiques que ce qui avait été prévu à l'origine, amenant les scientifiques à revoir l'évaluation des risques.

En conclusion, il est de plus en plus évident que même les plus légères augmentations de la température moyenne au-dessus des valeurs de 1990 peuvent dérégler le système climatique dans son ensemble avec le risque d'incidences très importantes s'étalant sur plusieurs siècles, comme la fonte accélérée des glaces du Groenland avec de multiples conséquences irréversibles sur l'environnement (réchauffement en cascade par réduction de l'effet d'albédo, injection d'eau douce dans la mer entraînant la suppression, voire l'inversion de courants marins, hausse du niveau océanique, etc.).

Selon le rapport, il y a nécessité absolue de limiter le réchauffement climatique à deux degrés par rapport aux moyennes de 1990 sous peine de modifications climatiques graves et irréversibles.

Il y a seulement une semaine, Christopher Field, directeur du Department of Global Ecology de la Carnegie Institution de Washington, avait déclaré lors de la réunion annuelle de l'Association américaine pour le progrès de la science que l'augmentation des rejets de CO2 dans l'atmosphère était passée de 0,9 % par an dans les années 90 à 3,5 % par an depuis l'an 2000.

L'étude actuelle avait été précédée de deux autres, soulignant déjà la sous-estimation du risque climatique.


- Les forêts tropicales absorbent davantage de CO2 qu'on ne le croyait

Confirmation de ce qu'on avait déjà vu, le bilan des forêts du nord pouvant être négatif au contraire des forêts tropicales qui sont notre poumon.

Une étude internationale vient de démontrer que les forêts humides stockent plus de carbone qu'elles n'en libèrent. Elles absorberaient actuellement près d'un cinquième des émissions humaines de gaz carbonique.

Manifestement, le problème se pose différemment selon la latitude. Pour les régions au climat tempéré, une étude récente montrait même qu'un reboisement pourrait réchauffer l'atmosphère.

Selon les auteurs, l'ensemble des forêts tropicales du monde absorberaient environ 18% des émissions de gaz carbonique d'origine humaine.

L'un des co-auteurs, Lee White, a pragmatiquement calculé la valeur financière de ces 4,8 millards de tonnes, compte tenu d'un « prix réaliste de la tonne » : 13 milliards de livres par an, soit environ 15 milliards d'euros. La lutte contre la déforestation paraît donc, encore plus qu'on ne le pensait, un moyen efficace de réduire l'impact des activités humaines sur le climat planétaire.


- L'océan était peut-être plus haut de 21 mètres il y a 400.000 ans !

D'une part cela signifie que les températures étaient beaucoup plus élevées il y a 400 000 ans et qu'on pourrait les atteindre à nouveau mais aussi qu'on risque une montée des mers bien supérieure aux prévisions actuelles. A l'opposée, les trous bleus des Bahamas représentés ici, prouvent que le niveau de l'océan était de 100 à 120 mètres plus bas que de nos jours pendant la dernière glaciation, la montée des eaux suite au réchauffement ayant produit plusieurs déluges mémorables...

Un ornithologue et un géologue américains pensent avoir trouvé des preuves convaincantes de ce qu'ils avançaient il y presque 10 ans. Des dépôts découverts dans une carrière de calcaire des îles Bermudes montreraient que le niveau des océans était probablement plus élevé de 21 mètres il y a environ 400.000 ans.

On aurait tort de considérer comme absurde la possibilité de la variation du niveau des océans d'une telle ampleur. Nous avons des preuves indiscutables que la Nature a fait bien mieux pendant la dernière glaciation. En effet, les trous bleus des Bahamas sont des dolines, creusées à cette époque à l'air libre par l'érosion, et certaines contiennent même des stalactites, comme on peut le voir dans l'un des films du commandant Cousteau. Ils indiquent que le niveau de l'océan était alors de 100 à 120 mètres plus bas que de nos jours.

- L'effet de la tectonique des plaques sur le climat

Le rôle de la tectonique des plaques dans les modifications du climat et l'ensemencement des mers est compris depuis peu. Il s'agit d'essayer d'en faire l'histoire.

Ainsi, à partir de 50-40 Ma, la subsidence (abaissement) des seuils continentaux a rendu possible la mise en route d'une proto-circulation circumpolaire Antarctique, ce qui coïncide avec les enregistrements isotopiques montrant le début du refroidissement global dès cette époque. Puis sur chaque seuil, des dorsales océaniques ont fonctionné après la distension continentale, ouvrant franchement le passage Tasmanie-Antarctique à partir de 34 Ma, puis le Passage de Drake à partir de 29 Ma.

Les auteurs examinent les effets d'une telle constriction sur la circulation océanique globale et envisagent une diminution de l'efficacité du courant circumpolaire Antarctique, entrainant à son tour un ralentissement de la circulation thermohaline se traduisant par un réchauffement des eaux de fond océanique, bien visible sur l'enregistrement isotopique.

- MARGO: Améliorer la fiabilité des modèles climatique

C'est l'enjeu prioritaire, d'avoir des modèles plus fiables, ce qui est une gageure car on a affaire à des systèmes chaotiques imprévisibles où l'oubli d'un facteur secondaire peut tout changer. S'il y a imprévisibilité, il y a malgré tout des bornes et des cycles tout ce qu'il y a de plus prévisible, comme le fait qu'il fait plus froid en hiver, le climat étant plus stable que la météo.

Reconstruire les climats passés pour mieux comprendre le présent et prévoir le futur, tel est l'objectif principal du projet MARGO, dont les résultats viennent d'être publiés dans Nature Geoscience. Pour y parvenir, une collaboration internationale réunissant notamment des chercheurs français a mis au point une reconstitution des températures de l'océan au cours du dernier maximum glaciaire, survenu il y a environ 20 000 ans, avec une fiabilité et une précision sans précédent. Grâce à cet ensemble unique de données, les chercheurs ont pu identifier certaines faiblesses des modèles climatiques utilisés par le GIEC. MARGO constitue donc un outil précieux permettant de parfaire ces modèles et mieux anticiper les changements à venir.

- Un jeu gratuit, Clim'City

Le jeu ClimCity, basé sur le très connu SimCity, est donc un jeu de simulation en ligne et gratuit du développement d'une ville dans le contexte du réchauffement climatique. Dans le cas présent, l'élément décisif est en effet la réduction des émissions de CO2 afin de ménager un climat déréglé. Imaginé par Cap Sciences, le centre de culture scientifique d'Aquitaine, le projet a réuni plusieurs acteurs publics comme l'Ademe et la Région Aquitaine. Avec Clim'City, le joueur dispose de 50 ans et de 250 actions pour sauver la planète du réchauffement climatique et de ses conséquences. Et ce n'est pas de trop. Le jeu est complexe et il est très difficile de gagner, mais comme l'admet le concepteur, « ça fait partie de la prise de conscience »...




Brèves du mois : physique - climat - biologie - santé - technologies

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