Nouvelles du climat (12/08)

1er  décembre 2008 | par Jean Zin


-  Le retour des taches solaires
-  Le réchauffement peut-être surestimé
-  Augmentation de l’acidité de l’océan 10 fois plus rapide que prévue
-  Le refroidissement de l’océan était dû... à une erreur instrumentale
-  Le climat des 2 derniers millénaires
-  En Asie, la pollution atmosphérique contrarie la mousson et accélère la fonte des glaciers
-  Gaz à effet de serre : un niveau record en 2007
-  Pour l’AIE, on va à la catastrophe...
-  Le plan Borloo pour les énergies renouvelables



Brèves du mois : physique - climat - biologie - santé - technologies

Revue des sciences 12/08



- Le retour des taches solaires

Le minimum de l'activité solaire semble désormais derrière nous si l'on en croit les dernières observations de Soho montrant une reprise de l'activité solaire, sous la forme d'un groupe de taches dans l'hémisphère nord.

Toutefois, le nombre de taches solaire est resté anormalement bas pendant toute cette année, établissant même un record de calme depuis 50 ans.

Le nombre et la violence des orages solaires vont donc progressivement augmenter et la météorologie spatiale va donc se dégrader progressivement avec des risques accrus d'apparition de bouffées d'électrons tueurs.

Notons que La Recherche du mois de décembre consacre un numéro à la réfutation des sceptiques, notamment sur la part du soleil dans le réchauffement par rapport à la part humaine. Malgré la baisse d'activité solaire et une phase la nina, 2008 a quand même été la dixième année la plus chaude depuis 1850 bien que la moins chaude depuis 1999 !

- Le réchauffement peut-être surestimé

Il faut attendre confirmation mais voilà ce qui pourrait être une très bonne nouvelle même si cela ne veut pas dire qu'il n'y aurait plus de soucis à se faire.

Une publication dans Nature Geosciences suggère que l'ampleur du réchauffement climatique mondial pourrait être moins importante dans le futur que ne le prédisaient jusqu'ici les modèles. En effet, l'influence du carbone laissé dans les sols après un incendie de forêt a été sous-estimé...

Les chercheurs font état des mesures effectuées en Australie dans le sol de régions où sévissent fréquemment des incendies de savane. Ils y ont trouvé un taux de black carbon bien plus élevé que ce que l'on imaginait. Ce dernier peut rester dans le sol des milliers d'années et lorsque l'on introduit sa présence dans les modèles climatiques, la quantité de gaz carbonique relâché dans l'atmosphère par le réchauffement climatique dans deux des savanes australienne étudiées est diminuée de 20 % sur 100 ans.

Ce résultat est d'importance car la quantité de CO2 émise dans l'atmosphère chaque année par les sols est dix fois plus importante que celle dont l'humanité est responsable. Il faudrait bien sûr avoir des estimations précises des quantités de black carbon partout sur la planète avant d'en tirer des conclusions hâtives. Mais il semble probable que le réchauffement climatique sur 100 ans sera plus faible que prévu. Cela n'a pas de quoi rendre vraiment optimiste quand on se souvient que certains des scénarios de réchauffement climatique, même revus légèrement à la baisse, resteront très préoccupants.

Ajoutons que, selon Science&Vie (p38), le réchauffement du pôle sud pourrait paradoxalement étendre la surface de la glace et donc augmenter son pouvoir réfléchissant, constituant ainsi une rétroaction négative limitant le réchauffement. Hélas, sur le pôle nord, la fonte de la banquise a l'effet inverse et, en octobre, le passage du nord-ouest était encore ouvert sans avoir besoin de brise-glace...

- Augmentation de l'acidité de l'océan 10 fois plus rapide que prévue

La pollution due à l'activité humaine augmente par endroit l'acidité des océans au moins 10 fois plus rapidement que prévu et représente une menace pour les coquillages marins.

« Les tendances montrent la possibilité que les moules soient remplacées par d'autres espèces sont plus élevées que pour les espèces dépourvues de coquilles calcaires, » estime-t-il.

L'étude montre que d'autres espèces occupent rapidement l'espace précédemment occupé par les moules, même si l'une d'entre elles, les balanes, est également pourvue d'une coquille.

La constatation la plus troublante effectuée par le professeur Wootton est la vitesse à laquelle augmente l'acidification, avec une baisse du niveau de pH beaucoup plus rapide que ce qui était précédemment estimé. « Elle est 10 à 20 fois plus rapide que ce que les modèles antérieurs prévoyaient. » avertit-il.

- Le refroidissement de l'océan était dû... à une erreur instrumentale

En 2006 paraissait un article qui montrait que depuis 2003 et contrairement à toute attente, l'océan mondial se refroidissait à un rythme soutenu. Cette conclusion était en contradiction flagrante avec l'idée que le réchauffement actuel est, au moins en partie, dû à une augmentation des gaz à effet de serre. Elle contredisait aussi d'autres observations (hausse du niveau de la mer, mesures satellitaires d'un déséquilibre positif du radiatif...). L'explication est aujourd'hui comprise : il s'agissait d'erreurs de calibration d'un lot de bouées Argo mesurant la température de l'eau.

- Près de deux mille ans d'archives climatiques dans une stalagmite

Au fond de la grotte Wanxiang, en Chine, gisait un trésor pour climatologues : une stalagmite qui a, durant 1.810 ans, enregistré les variations de son environnement. Les scientifiques y ont découvert un lien étroit entre l'intensité des moussons asiatiques, la température de l'hémisphère nord et les fluctuations des glaciers, et ont pu y lire les périodes de faste et de déclin des dynasties chinoises durant deux millénaires.

L'examen des strates montre une série de fluctuations séculaires et multiséculaires étonnamment similaires à celles enregistrées dans l'ensemble de l'hémisphère nord, comprenant la période chaude actuelle (Current Warm Period, CWP), le petit âge glaciaire (Little Ice Age, LIA), la période chaude médiévale (Medieval Warm Period, MWP) et la période froide antique (Dark Age Cold Period, DACP).

Entre 190 et 530 de notre ère, correspondant à la fin de la dynastie Han et à la majeure partie de l'ère de la Désunion, l'intensité de la mousson était modérément intense mais soumise à d'importantes fluctuations. Puis de 530 à 850 (fin de l'ère de la Désunion, la dynastie Sui et la majeure partie de la Dynastie Tang), les moussons déclinent pour atteindre un minimum en 860. Elles resteront encore peu abondantes de 910 à 930, puis leur intensité s'accroîtra durant six décennies, atteignant un maximum en 980, conservant des valeurs élevées jusqu'en 1020. Cette période correspond aux six premières décennies de la dynastie chinoise nommée Northern Song Dynasty (960 - 1127), période particulièrement faste.

Bien que s'affaiblissant progressivement, les moussons resteront relativement intenses jusqu'à connaître une forte baisse entre 1340 et 1360, jusqu'à retrouver un niveau normal puis une forte intensité entre 1850 et 1880.

La période sèche du IXe siècle a été évoquée comme responsable du déclin de la dynastie Tang ainsi que de celui du peuple Maya en Amérique du Sud. La chronologie à partir du IXe siècle conforte cette idée en la prolongeant jusqu'au deuxième millénaire, notamment par la superposition de périodes sèches avec le déclin de grandes dynasties chinoises. La période de moussons abondantes de six décennies à partir de 930, avec un maximum en 980, correspond à un accroissement spectaculaire de la culture du riz, une explosion démographique de la population et marque aussi le début d'une période de stabilité politique. En outre, le déclin et la fin des dynasties Yuan et Ming surviennent en période de moussons d'été particulièrement faibles.

Autre corrélation intéressante : les variations des moussons suivent un cycle d'environ onze ans, comme l'activité solaire, qui connaît un pic tous les onze ans. Encore une fois, même si l'activité solaire n'est pas le seul facteur en cause, elle semble être un des acteurs du jeu.

La corrélation entre l'intensité des moussons et la température s'est subitement interrompue autour des années 1960, suggérant que les gaz à effet de serre et les aérosols pourraient désormais exercer une influence plus importante que la mousson sur le climat.

- En Asie, la pollution atmosphérique contrarie la mousson et accélère la fonte des glaciers

La forte pollution atmosphérique provoquée par les combustibles fossiles modifie en profondeur le climat et les conditions de vie en Asie, révèle une étude publiée par les Nations Unies. Si les poussières en suspension réduisent l'effet du réchauffement climatique au sol en absorbant une part du rayonnement solaire, elles provoquent également une élévation de la température de l'atmosphère qui perturbe sensiblement le régime des moussons et accélère la fonte des glaciers de l'Himalaya et du Tibet, où prennent leur source les grands fleuves qui irriguent toute l'Asie. Les concentrations d'ozone dans l'atmosphère perturbent également le développement de certaines cultures qui manifestent une grande sensibilité à sa présence.

- Gaz à effet de serre: un niveau record en 2007

Les derniers chiffres publiés par l'OMM montrent que la part du dioxyde de carbone s'est accrue en 2007 de 0,5% depuis 2006, celle de l'oxyde nitreux de 0,25%, et celle du méthane de 0,34%.

Au total, l'OMM calcule que l'effet des gaz à effet de serre sur le réchauffement planétaire du fait de la captation des rayons solaires dans l'atmosphère s'est accru en 2007 de 1,06% par rapport à 2006 et de 24,2 % par rapport à 1990.

- Pour l'AIE, on va à la catastrophe...

Il ne faut pas se fier au prix actuel du pétrole qui devrait remonter avec la reprise de l'activité mais c'est le scénario du pire qu'annonce l'Agence Internationale de l'Energie (qui est loin d'être un repère d'écologistes) avec une augmentation du charbon surtout, même si les renouvelables deviendront la deuxième source d'électricité après 2010 ! Il faut savoir qu'une augmentation de 6° c'est la catastrophe absolue...

« Les tendances actuelles dans l'approvisionnement et la consommation d'énergie sont manifestement non soutenables - écologiquement, économiquement et socialement. Elles peuvent et doivent être modifiées », avertit Nobuo Tanaka, le directeur exécutif de l'Agence Internationale de l'Energie. Mettant en garde contre les tensions prévisibles en raison du déclin accéléré des gisements et de la hausse de la demande - il faudra mettre en production l'équivalent de 6 Arabie Saoudite d'ici 2030 - il estime que « l'ère du pétrole bon marché est terminée. » Sur le volet de la lutte contre le réchauffement climatique, les difficultés ne s'annoncent pas moindres. Même si les pays de l'OCDE réduisaient à rien leurs émissions, la limite des 450 ppm d'équivalents-CO2 serait malgré tout dépassée.

La hausse des importations de pétrole et de gaz dans les régions de l'OCDE et les pays en développement d'Asie, avec la concentration croissante de la production dans un petit nombre de pays, accroît le risque de ruptures d'approvisionnement et de forte hausse des prix. Dans le même temps, les émissions de gaz à effet seraient inexorablement accrues, mettant le monde sur les rails d'une augmentation de la température mondiale pouvant aller jusqu'à 6 ° C.

- Le plan Borloo pour les énergies renouvelables

Il est nécessaire que la France multiplie par 400 les capacités photovoltaïques existantes, par 12 la production via la biomasse et par 10 celle de l'éolien.

L'intégration du photovoltaïque dans la construction se révèle hautement prioritaire, tant au niveau industriel que du particulier. Pour ce dernier, les démarches administratives devraient être considérablement simplifiées, le crédit d'impôt maintenu et le statut fiscal simplifié. Le tarif d'achat de 55 centimes d'euro au kWh est confirmé pour les petites surfaces et devrait agir comme un incitant à l'investissement.

Surtout, le plan Borloo prévoit d'ici 2011 au plus tard la construction d'au moins une centrale solaire par région, afin de produire une puissance cumulée de 300 MW.




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