Nouvelles du climat (11/08)

1er  novembre 2008 | par Jean Zin


-  Les records de 2007 n’on pas été battus
-  Le désert s’accroît dans la mer
-  Un nouveau gaz à effet de serre nous menace
-  Un monde sans carburants fossiles d’ici 2090
-  Pékin propose que 1% du PIB des pays riches aille aux pays pauvres
-  Vers une prévision de la météo dépassant la semaine


Brèves du mois : physique - climat - biologie - santé - technologies

Revue des sciences 11/08




- Les records de 2007 n'on pas été battus

La publication de l'édition 2008 de l' « Arctic Report Card » récapitule les observations sur le réchauffement constaté en 2007. L'augmentation des températures de l'eau, de l'air - jusqu'à 5° - des terres, l'ampleur de la fonte de la banquise et des glaciers, font de 2007 une année exceptionnelle à plus d'un titre.

Si le réchauffement se poursuit, il le fait à une vitesse moindre que dans les années 1990 en raison de la variabilité naturelle, indiquent les chercheurs.

Le réchauffement climatique se superpose à des cycles naturels de réchauffement et de refroidissement, et une phase chaude durant les années 1990 est venue ajouter à l'élévation de la température due aux gaz à effet de serre. Aujourd'hui, avec une phase plus froide dans certaines régions, la hausse des températures a ralenti, mais M. Overland dit qu'il s'attend a ce qu'elle accélère à nouveau lors du retour du prochain cycle naturel de réchauffement.

Interrogé sur l'effet d'une augmentation du rayonnement solaire sur le climat de la Terre, Jason Boîte du Byrd Polar Research Center, estime que bien que cette cause soit importante, une augmentation du rayonnement solaire ne compte que pour environ 10% dans le réchauffement de la planète.

- Le désert s'accroît dans la mer

Les plus grand déserts ne sont pas sur Terre mais sous l'eau. Les espaces océaniques où la faune et la flore sont presque absentes s'agrandissent encore plus vite que prévu par les modèles les plus pessimistes.

L'apparition de ces déserts est l'une des conséquences du réchauffement climatique, et particulièrement de celui des océans, qui entraîne une baisse des concentrations en oxygène dissous dans les eaux et crée de vaste zone où la vie ne plus se développer. L'extension des zones mortes, dont le rythme de croissance atteint près de 5% par an, dans l'environnement aquatique apparaît désormais comme une menace majeure pour les écosystèmes au niveau mondial.

- Un nouveau gaz à effet de serre nous menace

La quantité de trifluorure d'azote (NF3) dans l'atmosphère est quatre fois plus importante que ce qu'on avait estimé, ont montré Rey Weiss et ses collègues. Or le trifluorure d'azote est doté d'un pouvoir de réchauffement 17.000 fois plus élevé que le dioxyde de carbone.

Utilisé au cours de la fabrication des écrans plats à cristaux liquides, des circuits intégrés pour les ordinateurs ou encore des cellules photovoltaïques, le NF3 est venu remplacer les PFC (hydrocarbures perfluorés), qui participent eux aussi à l'effet de serre.

- Un monde sans carburants fossiles possible d'ici 2090

D'ici 2090, le monde pourrait se passer des carburants d'origine fossile en consacrant des milliers de milliards de dollars à une "révolution" qui imposerait les énergies renouvelables, affirment Greenpeace et le Conseil européen de l'énergie renouvelable (EREC).

L'énergie solaire, la biomasse - les matières organiques susceptibles d'être des sources d'énergie -, les énergies géothermique ou éolienne pourraient donc être imposées d'ici la fin du siècle pour enrayer le réchauffement climatique.

Jusqu'en 2030, période sur laquelle se concentre tout particulièrement l'étude, il faudrait consacrer 14,7 billions de dollars à cette révolution énergétique.

L'étude préconise notamment la disparition progressive des subventions aux carburants fossiles et à l'énergie nucléaire, l'extension du système de "cap and trade", sorte de "bourse aux émissions" de GES, l'instauration d'objectifs contraignants pour le développement des énergies renouvelables, ainsi que des règles plus strictes dans la construction des voitures et des immeubles.

L'étude précise que le marché des énergies renouvelables a presque doublé entre 2006 et 2007, à plus de 70 milliards de dollars. Ces sources d'énergie pourraient représenter en 2030 environ 30% de la production d'énergie, plus du double qu'aujourd'hui, et 50% en 2050.

- Pékin propose que 1% du PIB des pays riches aille aux pays pauvres

"Il faudrait que l'assistance financière aux pays en voie de développement atteigne 1% du (PIB) des pays développés", a déclaré M. Gao lors d'une conférence de presse, "ce chiffre n'est pas très important, mais nous devons résoudre cette question au moyen de discussions".

Les fonds apportés par les pays riches permettraient aux pays en voie de développement d'acquérir des technologies "vertes" pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, a expliqué M. Gao, selon un compte-rendu de sa conférence de presse.

"Des fonds importants doivent être investis", a dit M. Gao, "mais quand on discute de la manière dont les pays développés seront capables de financer les investissements, on n'obtient pas d'engagements matériels détaillés".

- Vers une prévision de la météo dépassant la semaine

La perspective de prévisions fiables au-delà de la semaine prouve qu'au-delà de son caractère chaotique, une meilleure compréhension des mécanismes en jeu permet une certaine prédictibilité, peut-être d'une saison sur l'autre, même si la résolution se réduit drastiquement, s'éloignant donc de la météorologie proprement dite. Il faut dire qu'à mesure que les prévisions météorologiques s'étendent dans le temps elles en viennent à se confondre avec l'étude du climat auquel on les opposait jusqu'ici. Cet entre-deux constitue un tout nouveau domaine. On peut en espérer que cela permette à terme de tester les modèles climatiques en "temps réel" presque.

Une grande partie des fluctuations de température et de précipitation sur l'Europe, de l'échelle météorologique à l'échelle climatique, est liée à l'existence de "régime de temps" sur un domaine Nord Atlantique étendu. De manière traditionnelle, on distingue quatre régimes: les régimes NAO+ et NAO- liés à la différence de pression atmosphérique (La pression atmosphérique est la pression de l'air en un point quelconque d'une atmosphère.) entre la Dépression d'Islande et l'Anticyclone des Açores, et les régimes de dorsale et de blocage (voir encart). Ce concept de régimes (approche dite "épisodique") permet d'interpréter les fluctuations météorologiques comme la transition entre deux régimes et les fluctuations climatiques comme l'occurrence privilégiée d'un régime donné sur une période donnée et ainsi de percevoir de manière plus concrète le lien météo/climat à nos latitudes moyennes. La question que se posent les chercheurs est de savoir si l'atmosphère de l'Atlantique Nord transite de manière aléatoire entre ces quatre régimes, ou bien si des conditions "extérieures" peuvent favoriser l'occurrence d'un régime particulier au détriment des autres. La faible prévisibilité déterministe de la météorologie au-delà du temps de vie caractéristique des régimes (de l'ordre de la semaine) donnerait à penser que la première hypothèse est la bonne... Pourtant Christophe Cassou vient de montrer qu'il n'en est rien.

La prise en compte de cette connexion tropique-extratropique permet d'envisager une prévisibilité plus grande en terme de probabilité de la NAO d'hiver, qui pourrait aller bien au-delà des quelques jours d'échéance traditionnellement considérés comme limite. Des tests préliminaires confirment déjà le caractère prometteur de cette approche.

Cette étude souligne combien il est important de considérer le climat comme un continuum d'échelles à la fois dans l'espace et dans le temps, et combien la séparation entre météo et climat dans sa définition classique, est de plus en plus contestable, ou en tout cas artificielle, en particulier à nos latitudes moyennes.




Brèves du mois : physique - climat - biologie - santé - technologies

Revue des sciences 11/08


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