SANS PAPIERS, CITOYENS DU MMONDE!

Nous vivons désormais dans un monde où, comme le dit le philosophe Paul Blanquart, il y a d'un côté ceux qui sont chez eux partout et de l'autre ceux qui ne sont chez eux nulle part. Les premiers, hommes d'affaires, dirigeants, touristes, universitaires, journalistes etc. profitent pleinement de la mondialisation, des nouvelles technologies de communication, de la facilité des transports. Les seconds n'ont pas la chance des capitaux : ils n'ont plus même le privilège de circuler. Ils deviennent des "sans" : sans papiers, sans patrie, sans domicile fixe, sans emploi, sans famille etc. Les premiers ne sont pas forcément mauvais : nombreux sont ceux qui, bénéficiant de l'ouverture des frontières, veulent bâtir un monde solidaire et responsable à l'instar de l'alliance qui porte ce beau nom. Les seconds ne sont pas forcément bons : le système maffieux se nourrit de la misère et y trouve un terrain de choix pour se déployer. La nouvelle internationale, porteuse de l'espoir du genre humain, ne peut donc se fonder sur la peur des premiers et la haine des seconds mais sur la commune alliance des forces qui refusent de voir le monde basculer dans l'apartheid. C'est en ce sens que la solidarité à l'égard des sans papiers de St Bernard est annonciatrice de combats qui seront tout à la fois locaux et mondiaux. Si notre projet est celui d'un monde où tous les humains se sentent chez eux, bref une Terre qui soit une patrie commune, alors nous sommes tous des sans papiers au regard de cette absence de citoyenneté mondiale. Mais il nous faut transformer cette faiblesse en force. Souvenons nous du retournement qui a permis que des territoires sans propriétaires étatiques, l'Espace, les Océans, l'Antartique, soient déclarés patrimoine commun de l'humanité. Faisons de même avec ceux qui n'ont plus de patrie. Ils sont déjà citoyens du monde. Regardons les comme des éclaireurs de l'avenir et plus seulement comme des victimes du passé.

Les villes auxquelles nous consacrons notre éclairage du mois sont des lieux privilégiés pour l'invention de cette citoyenneté mondiale : elles sont déjà métissées et pluriculturelles. Elles doivent, sauf à devenir des mégapoles inhumaines et violentes, devenir pleinement des "villes ouvertes" sur la région, le continent, le monde, tout en réinventant des quartiers et des villages en leur sein. Ce n'est déjà plus une utopie : qu'il s'agisse des réseaux de villes ou des mouvements de citoyenneté, ce numéro montre que nous ne sommes pas condamnés à l'impuissance et à la peur.

P.V